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La Banque Centrale Européenne booste l’EUR/CHF

La Banque Centrale Européenne booste l’EUR/CHF

Newsletter du 15 Septembre 2023

Cette semaine d’actualité économique sur l’EUR /CHF, nous nous intéressons aux causes et conséquence de l’évolution de la paire de devises dans un contexte particulier et nouveau qui se dessine, et nous amène à aborder les sujets suivants

  • La chute de l’EUR/CHF, qui fait suite à la décision de la BCE de monter ses taux directeurs malgré les risques systémiques que cela entraine, assorti d’une annonce,
  • La hausse du pétrole que les experts nous prédisent au-dessus de 95 dollars le baril, et ses conséquences,
  • Le recul de l’économie chinoise, (la Chine qui ne sera finalement peut-être pas la deuxième économie mondiale de demain), fait craindre une récession dont on voit les prémices.
  • Et par voie de conséquence, les difficultés de l’économie suisse face au ralentissement qui s’en suit, de l’économie mondiale.

Mais les bourses sont en pleine effervescence !

0.25% d’augmentation pour les taux de la BCE

Le cours de l’euro aurait pu progresser face au franc suisse et au dollar, à l’annonce de la Banque centrale Européenne de sa décision d’augmenter ses taux d’intérêts directeurs de 0.25%. Mais cette décision s’est accompagnée d’une annonce : Cette hausse serait la dernière du cycle.

La semaine prochaine, ce sera le tour de la Banque Nationale Suisse de se réunir pour annoncer sa décision d’augmenter ou non ses taux directeurs. Son objectif est encore atteint au mois d’août, avec une inflation bien maitrisée sous la barre des 2%, à 1.6% pour le deuxième mois consécutif. En cas de statut quo, la tendance à la baisse de l’euro contre franc suisse pourrait bien s’inverser.

L’EUR/CHF, stable depuis des semaines, a entamé une chute, hier, jeudi, immédiatement après l’annonce de la BCE. Plongeant d’abord de 0.9588, à 0.9553 EUR/CHF, la paire de devise a entamé une lente glissade qui nous mène à 0.9550 EUR/CHF, à l’heure à laquelle nous rédigeons ce rapport, après un plus bas à 0.9527 EUR/CHF.

C’est que l’annonce assortie à cette action de la BCE a faussé l’effet monétaire que l’on aurait pu en escompter. Puisque le marché a anticipé la fin des hausses de taux, qui avaient jusque-là renforcé l’euro.

L’euro a également chuté face au dollar. De 1.0760 EUR/USD hier matin, à 1.0630 hier soir, il avoisine à présent les 1.0657 EUR/USD

Pourquoi cette annonce ?

Dans un contexte de hausse boursière, l’inquiétude monte face à l’augmentation artificielle des cours des hydrocarbures et de l’énergie, et aux déséquilibres que provoquent les hausses de taux des banques centrales qui tentent de juguler l’inflation. La situation économique mondiale est un peu préoccupante, comme nous le constatons depuis quelques temps. Le moteur chinois de l’économie mondiale a des ratés, de plus en plus évidents. Et le taux du Bond à 10 ans américain est repassé vers les 4,3%, alors qu'il était baissier ces derniers jours.

Tir à blanc

En Europe, l’économie allemande est en récession depuis le début de l’année, et la BCE tout en poursuivant son programme de hausses de taux, cherche probablement à rassurer les marchés par cette déclaration. Est-ce la cause de la hausse des marchés actions d’hier ? Les dirigeants des banques centrales, savent désormais, depuis la crise bancaire du début d’année et la faillite de Crédit Suisse et de plusieurs banques, qu’ils jouent sur une corde raide avec des taux d’intérêts très hauts.

Tir à blanc

Notons que le G20 s’est réuni ce week-end en Inde. Cette réunion n’a pas eu beaucoup d’impact sur les marchés financiers. Les sujets abordés ont montré le regain de l’influence des pays du sud et de l’est. Dont certains font partie des BRICS+, qui maitrisent la majeure partie de la production de matières premières et énergétique de la planète. Mais les marchés portent leur attention ailleurs ces temps-ci.

EUR/CHF pris en é-taux !

L’action de la BCE a donc eu un effet immédiat et notable sur l’EUR/CHF.

Mais quelle sera la tendance réelle, face à cet évènement ponctuel de politique monétaire ?

Selon la BCV, la Banque cantonale du Valais, la tendance majeure depuis le début de l’année reste baissière. La paire a testé le « low » de 0.9522 EUR/CHF et rebondit sur un plancher annuel à 0.9515 EUR/CHF. La banque estime que sous ce niveau, elle devrait poursuivre à la baisse avec le nouveau plancher autour des 0.9410 que nous avions atteint à l’automne 2022.

A l’inverse, la BCV voit une envolée au-dessus de la résistance des 0.9650 EUR/CHF jusqu’à une résistance à 0.9688, puis une nouvelle résistance située à 0.9767EUR/CHF. Une hausse continue des indices des marchés boursiers va dans ce sens.

Météo des principaux marchés

Swiss Market Index

A la bourse de Zürich, c’est l’Euphorie puisque l’on a gagné 200 points sur la semaine, avec en tête de classement aujourd’hui, la compagnie financière Richemont. La bourse suisse tente un rebond depuis lundi, entrainée par le couple rendement/risque qui revient en faveur des achats sur la zone de support des 11000 points. Le SMI au plus haut de l’année avait tout de même franchi les 11600 points.

or

Le métal jaune, vaut actuellement 1900 dollars l’once, en net repli face à la hausse des cours de bourse. La pièce d’or Suisse, Vreneli 20 francs cote 330 chf, en baisse également, et le napoléon 20 francs vaut 3 francs de plus à la bourse de Londres, référence précieuse en la matière. (précieuse également)

or

L’or noir

Le cours du baril de pétrole brut, en mer du nord attendu sur un pic à 95 dollars le baril, s’est heurté ce matin à la résistance des 94.60 dollars. Actuellement, il se replie sur les 0.9400 dollars.

Le gouvernement en France voisine a d’ailleurs demandé aux raffineurs et à tous les acteurs de la chaine de distribution un effort pour soulager le consommateur et les entreprises. Le groupe pétrolier total a consenti le blocage des prix à 1.99 euros le litre, soit 1 franc nonante au cours de change du jour. Ceci dans le but de soulager la tension budgétaire des ménages.

On nous a déjà rapporté hier que plusieurs stations à la frontière, côté français, affichaient tous leurs prix à 1.99 euros aussi bien pour l’essence que pour le diesel. Mais cette mesure est temporaire et dépendra de la poursuite de la hausse, qui pourrait atteindre 3 francs suisses ? De quoi relancer les énergies vertes, les mobilités dites « douces », et la marche à pieds.

L’or noir

Le bitcoin et altcoins

En légère progression sur la semaine, le BITCOIN a profité entre autres de la reprise des marchés traditionnels. Il se négocie sur les exchanges à un cours de 26600 dollars environ, soit 23800 CHF, à un taux de 0,8960 USD/CHF.

J’entends souvent le débat affirmant que les cryptomonnaies ne reposent sur rien et ne servent à rien. Certaines d’entre elles ont trouvé leur utilité. On notera aujourd’hui la performance du Ripple, (XRP), 26 milliards de dollars de capitalisation, qui signe ce matin 3% de hausse à 0.50 USD. Le ripple sert de monnaie d’échange à de nombreuses banques, dont UBS : C’est un système de règlement brut en temps réel, de marché des changes et de réseau d’envoi de fonds. Selon la définition qu’en donnent wikipédia et ses concepteurs.

Longtemps réticentes, les banques centrales ont fait la chasse aux cryptomonnaies. Aujourd’hui, elles sont bien occupées à lutter contre l’inflation. La BNS achète et vend des francs suisses et des devises étrangères, sur ses réserves de change, afin de maitriser aussi l’inflation par les cours de change… Ainsi que certaines cryptomonnaies.

La Banque Centrale Européenne s’est donc réuni hier. Mais son objectif est hors de portée.

Selon l’agence Reuters, pour la BCE, le taux d’inflation en zone euro ne se réduira pas à moins de 3% en 2024. D’où la décision de rehausser le taux payé par la Banque Centrale Européenne sur les dépots bancaires à 4 %. Jamais un taux si élevé n’avait été atteint depuis les débuts de l’euro en 1999. Sources Reuters : F.Canepa et B. Koranyi. (L’euro numéraire était apparu le 1er janvier 2002)

La Suisse, bon élève !

L’objectif inflation -2% semble momentanément atteint, et à Berne, la BNS pourrait garder des cartouches pour contrer un prochain renchérissement du coût de la vie. Mais les marchés semblent pencher pour une nouvelle hausse des taux, et donc du franc suisse face à l’euro. Pourtant, l’inflation est dans la cible de la Banque Nationale Suisse. Nous connaitrons sa décision la semaine prochaine.

L’or noir

L'inflation en suisse a donc été limitée à 1,6 % au mois de juillet et août. Bien au-dessous de l’objectif de la Banque nationale suisse.

Il y a tout de même de grandes chances pour que la Banque Nationale Suisse maintienne ses taux à 1,75 %, jeudi 21 septembre. L’EUR/CHF pourrait alors se renforcer vers les 0.9600 EUR/CHF.

L’inflation viendra-t-elle de la pénurie de pétrole ?

Depuis l’annonce de l’Arabie Saoudite et de la Russie, de maintenir leur réduction de production de pétrole de respectivement d’un million et de trois cent mille barils par jour, jusqu’à la fin de l’année, les cours du baril s’envolent. En effet, l’OPEP, l’organisation des pays producteurs de pétrole, vient de tirer la sonnette d’alarme. Une pénurie de 2,5 millions de barils par jour se profile pour le dernier trimestre, et rien ne dit que l’Arabie et la Russie ne vont pas proroger leur réduction de production l’année prochaine.

Vers les 95 dollars ?

Par voie de conséquences, les prix du brut s’envolent vers les 0.95 dollars prédits par les experts. Le baril de pétrole est passé de 71.50 dollars le baril en juin, 80 USD en juillet, 85 vers la fin août, le cours du baril a entamé la semaine à 90 dollars, et atteint aujourd’hui 94 dollars. De quoi alimenter l’inflation malgré un recul des échanges et de la production.

Libye : 1.4 millions de barils de pétrole par jour en question.

C’est aussi la tempête Danièle, responsable d’un drame, qui a emporté une grande partie de l’infrastructure de l’est du pays dévasté, où l’on ne compte plus les milliers de victimes. Le chaos en Libye est partiellement responsable de la flambée des prix des hydrocarbures cette semaine. Avec une production de 1.4 millions de barils, la Libye est en proie à des inondations si dévastatrices, que les marchés craignent dans ces circonstances une interruption de l’approvisionnement. Nous avons également une pensée pour le peuple Marocain qui se relève à peine du puissant tremblement de terre qui a secoué les régions de Marrakech et de Terrouan. Nos pensées les accompagnent en ces heures difficiles. C’est une triste semaine pour l’Afrique du nord.

Au loup !

Ce sont enfin les sonnettes d’alarme tirées par l’OPEP à l’occasion de son rapport mensuel, qui souligne un probable déficit de pétrole par rapport aux besoins à venir. L’annonce a pareillement précipité la hausse des cours. Le rapport annonce que la production quotidienne de 3 million trois cent mille barils des pays de l’OPEP pourrait ne pas satisfaire la demande, ce qui serait en contradiction pourtant, avec ce qu’implique le contexte de ralentissement de la croissance mondiale. Selon Edward Moya, analyste chez Oanda, un tel déficit a surpris tous les acteurs et précipité la hausse. Ce qui a fait craindre un franchissement du seuil des 95 dollars le baril. Aux USA par exemple, qui échappent encore à la récession, la demande est en forte extension. L’économie est encore en pleine croissance dans ce pays, gros producteur de pétrole et de gaz de schiste.

L’or noir

Vers les renouvelables

A tout cela s’ajoute un rapport de l’Agence internationale de l’énergie prévoyant un pic de consommation avant décrue, dans le courant de la décennie.

Cela pourrait encourager les producteurs à, je cite : "tirer le maximum de revenus et de bénéfices de chaque vente » avant la contraction du marché et le recadrage vers des énergies dite « vertes » et renouvelables. (financial times). Ce rapport pourrait être à l’origine des décisions de certains producteurs de réduire leur production.

Mais la hausse des stocks américains de pétrole brut de deux millions et demi de barils sera susceptible de calmer la hausse des prix de l’or noir et d’empêcher un franchissement de la barre des 100 dollars. (bloomberg)

Avec 5.7% d’inflation au mois d’aout contre 3.7% aux USA,et des indicateurs PMI industriels et des services moins optimistes en Europe, la BCE s’est certainement sentie obligée de rehausser ses taux directeurs, là où la Réserve Fédérale pourra probablement passer son tour afin d’entretenir la croissance. Quoi qu’il en soit, la forte hausse des prix de l’énergie contrecarre les efforts des banques centrales, dans leurs dernières offensives face à l’inflation qui pliait enfin.

En pire, du milieu ?

C’est dans cette ambiance que le gouvernement chinois démultiplie les efforts de relance, de son économie grippée par les restrictions dues au covid (ou à la covid19) et à un interventionnisme à outrance sur son économie, de moins en moins ouverte au monde. Alors que le Yuan remimbi, vient à peine de remonter après avoir atteint un taux plancher sur 16 ans. Après l’intervention de la banque nationale de Chine et ses efforts désesperés pour stabiliser le Yuan. Le taux de change du Yuan chinois est passé en un an de 0.14 francs pour un yuan, à 0.1200 francs suisses.

1 %

C’est le recul, pour la première fois, de la consommation d’automobiles en Chine. Indicateur essentiel de la santé de l’économie chinoise. Si les ventes en Europe, sont en plein essor, la communauté Européenne qui fournit des aides sur les segments de l’électrique, vient de mettre un grand coup de frein aux ambitions chinoises, en relançant une forme de protectionnisme pour ralentir une concurrence chinoise agressive.

Mais ce n’est qu’un pan de la grande muraille à laquelle se heurte l’économie en Chine. Grave crise immobilière, déflation, croissance en panne, et à présent un taux de chômage jamais atteint depuis 40 ans chez les jeunes actifs…. Ne vendons pas la peau du panda… (ours chinois)

L’or noir

Les mauvais chiffres s’accumulent (sauf ce matin)

Selon la BBC, les exportations et les importations ont baissées respectivement le mois dernier, de 9, et 7% en un an. Alors que le reste du monde combat une inflation élevée, la Chine subit une stagflation. Malgré la baisse de l’immobilier, les achats de logement sont à l’arrêt.

La sinologue Simona Grano explique que la Chine, au lieu d’anticiper le ralentissement prévu de sa croissance, s’est isolée et fermée au monde, en privilégiant l’interventionisme d’Etat à une économie ouverte et favorable aux marchés. George Magnus, économiste , expert de la Chine, soutient que la Chine vit désormais à crédit. On parlait cette semaine de pic pétrolier. Il parle lui de pic chinois.

Pour Georges Magnus, la Chine est empêtrée dans une stagnation dont elle ne pourra sortir, que si le gouvernement chinois accepte de réformer son modèle économique. Mais le pays « exubérant et dynamique » que nous avons vu s’épanouir risque de perdre de son poids économique.

En conclusion

La Suisse peut difficilement faire exception bien longtemps dans un contexte de ralentissement économique mondial. Ses industries peinent à exporter, faute de clients. Le marché suisse de l’emploi, qui manque encore de main-d’œuvre, et les dépenses des ménages en progression, +2,2% soutiennent l’économie suisse, malgré une prévision de croissance en baisse à 0.7% en 2023 (source moniteur suisse, Crédit Suisse, 12/09/2023). Une reprise est cependant espérée en 2024, avec des exportations attendues en hausse de 4%.

Avec un voisin Allemand, premier partenaire économique de la Suisse, en récession de 0.4% de son PIB en 2023, l’avenir est incertain pour le secteur industriel suisse. Les commandes pour l’industrie suisse se raréfient, et les stocks des clients de la Suisse se vident.

Mais ne vendons pas la peau de l’ours (bernois)

Malgré tous ces éléments, la BNS n’écarte pas une nouvelle hausse de l’inflation et pourrait tout de même décider de porter son taux directeur à 2% la semaine prochaine. Nous avions vu la semaine passée que le renchérissement de loyers et de l’énergie faisait craindre un nouveau pic inflationniste (Selon l'Office fédéral de la statistique).

Si cela se produisait, on est en droit de supposer que le cours de l’EUR/CHF connaitrait une nouvelle baisse significative, aux abords de la résistance des 0.9485EUR/CHF.

Nous marquerons une pause dans publication la semaine prochaine. En effet l’équipe rédactionnelle de Ben S se concentrera sur la préparation du salon des frontaliers lors duquel nous nous retrouverons en directe le vendredi 29 septembre. Nous vous convions pour cet event si le thème vous intéresse à nous retrouver au parc des expositions Rochexpo, situé 59 Rue des Centaures, 74800 à La Roche-sur-Foron, France.

X.C.

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