
EUR/CHF et USD/CHF quand le dollar plonge…
Le « Liberation day » a déclenché une tempête. Donald Trump a dégainé des taxes douanières pires que celles auxquelles les financiers les plus pessimistes s’attendaient. Les cours de change du dollar américain ont plongé face au franc suisse et à l’euro. Sur la place financière de Zürich, on peut presque parler de krach sans paraitre alarmiste. Certains chiffres donnent le tournis comme les -20% de Logitech. Les entreprises les plus exposées au marché américain ont pris les 31% de taxe douanières infligées à la Suisse de plein fouet. La Suisse, qui est dans le peloton de tête des « very bad guys » auquel faisait référence notre titre de l’analyse de l’EUR/CHF la semaine dernière. Le cours de change de l’EUR/CHF n’a lui, pas pu garder le cap dans cette tempête et chute fortement.
L’EUR/CHF en chute
On peut se poser la question. Avec un EUR/CHF assez stable hier, en fort recul aujourd’hui, alors que les places financières ont plongé jeudi. L’EUR/CHF était très volatile ce matin, pris en étau au milieu des droits de douane très élevés imposés à la Suisse par rapport à ceux imposés à l’UE qui n’en a subi que 20%. Le report sur le franc suisse du produit des actifs à risques dont se défont de nombreux financiers a propulsé les cours de change de l’EUR/CHF vers les abysses. La Banque Cantonale de Neuchâtel ne croit pas dans une hausse du franc suisse à court terme, étant donné la violence du choc pour l’économie suisse.
L’institution se positionne sur un EUR/CHF haussier aux alentours de 0.9560 en moyenne, du fait de taux d’intérêts élevés en zone euro. Pourtant, si malgré les bourses, notamment américaines en fort recul, les investisseurs qui habituellement se ruent sur le franc suisse, semblaient encore hésiter à convertir leurs devises en francs suisses, ce n’est plus le cas Les taux de change du franc suisse face aux principales devises étrangères rattrapent leurs niveaux de fin 2024. Le mouvement haussier s’accélère ce matin.
Tarifs et krach
Le président américain a présenté une véritable grille tarifaire, pays par pays. L’union européenne subira donc 20% de droits de douane. Si en tête de classement figurent des pays tels que le Lesotho ou Madagascar, dont le PIB par habitant est faible, on retrouve aussi des alliés traditionnels des Etats-Unis, tels que la Corée du sud ou le Canada qui subiront 25% de droits de douane. Last but not least, la Chine, dont l’économie vient tout juste de redémarrer, devra s’amender de 34% de droits. Si Pékin, par mesure de rétorsion décidait de vendre des bonds du trésor américain, Donald Trump réussirait-il à maintenir le rythme effréné dont jouissent l’économie et la croissance américaine ? Les good guys, ceux qui tentent de négocier ou avec lesquels les Etats Unis ou ne présentent pas de déficit commercial « excessif », ne paieront que 10% de droits d’entrée sur le territoire américain pour leurs marchandises. Les nominés sont : La Grande Bretagne, l’Australie, le Brésil, Singapour et la Turquie.
Quand ça les arrange ?
Acier et aluminium ne seront imposés qu’à 5% car les Etats-Unis ont besoin de ces matières stratégiques qu’ils fabriquent en quantité insuffisante. Parallèlement, la surtaxe sur tous les composants du secteur automobile a démarré le 2 avril au soir, à hauteur de 25%. En France, le groupe automobile Peugeot Citroën connu désormais sous le nom Stellantis a dévissé de 8%.
Pour les autres mesures douanières, la date fixée serait le 9 avril.
La valse des cours de change
Alors que les taux de change du dollar américain se sont effondrés, les investisseurs ne se sont pas rués sur le franc suisse mais à présent, la devise refuge retrouve sa cote alors que le mini krach semble se confirmer. L’or dont le cours a baissé d’1% n’est pas aussi sollicité que le franc suisse. Les cours de change du franc suisse ont tout de même franchi allègrement le cap des 0,9500 EUR/CHF qu’ils n’avaient que timidement tentés ces dernières semaines pour atteindre les parages de 0,9400 EUR/CHF.
Peut-être le coup porté à l’économie helvétique a-t-il d’abord dissuadé les investisseurs. Dans la panique, ce n’est plus le cas Le modèle Suisse est-il en péril ? Heureusement le secteur pharmaceutique suisse a-t-il été épargné par Donald Trump.
Vains espoirs
A présent, les marchés attendent fébrilement des négociations qui garantiraient la stabilité d’une économie mondialisée ouverte par rapport à laquelle de nombreux pays risquent de se renfermer. Elles détermineront probablement l’état d’esprit des acteurs de l’économie mondialisée, qui espèrent qu’elles permettront de fluidifier les échanges internationaux.
Que valent les efforts suisses face à Trump ?
Le conseil fédéral a tenu une réunion à huis clos pour déterminer les conséquences de l’ouragan Trump pour l’économie Suisse. Si les cours du franc suisse continuaient à s’envoler, ce serait peut-être une aubaine pour les frontaliers qui convertissent leurs francs suisses en euros. A contrario cela alourdirait le fardeau des entreprises suisses qui exportent leurs marchandises vers les Etats-Unis. Les autorités devront réagir rapidement au risque de la guerre économique qui se profile. Mais l’esprit d’ouverture de la secrétaire d’état à l’économie Helène Budliger Artieda et les tractations préalables n’ont pas porté leurs fruits. Selon la présidente du gouvernement, Karin Keller-Sutter, "l'avis général est qu'une escalade n'est pas dans l'intérêt de la Suisse". C’est pourquoi au lieu d’envisager des mesures de rétorsion, les autorités suisses vont tenter d’expliquer au gouvernement américain que la Suisse ne taxe pas les produits américains à 61% comme l’affirme le responsable américain qui a inspiré le président Trump par ses méthodes de calcul. La méthode de calcul décrite par la RTS hier est selon le prix Nobel d'économie Paul Krugman, complètement « idiote » (je cite). Souhaitons bonne chance au gouvernement suisse pour ce qui est d’être entendu par l’administration Trump.
La Suisse est également accusée de manipulations de devises. Voilà qui explique peut-être les commentaires du président de la BNS il y a quelques jours, en pleines négociations. Lorsqu’il affirmait que la BNS n’influe en rien sur le cours de devises. Voir l’analyse en lien.
La semaine de l’EUR/CHF
EUR/CHF
Nous avions laissé l’EUR/CHF la semaine passée à 0,9506 EUR/CHF. La paire de devise qui a entamé la semaine dans ces parages a buté sur une résistance nocturne à 0,9600 EUR/CHF, mercredi, mais la tendance s’est inversée d’une manière assez régulière et a largement conduit la paire sous les 0,9500 EUR/CHF. Comme nous l’avons vu, la situation n’est pas si simple. L’EUR/CHF reste tiraillé entre les 31% de droits de douanes qui pourraient grever la confiance des investisseurs en l’EUR/CHF, le rôle traditionnel du franc suisse valeur refuge qui semble reprendre le dessus. Son arrimage entre les taux de change de l’euro et du dollar fait la moyenne des cours de change puisque les Etats Unis demeurent le 1er partenaire commercial de la Suisse, et les écarts de taux d’intérêts des banques centrales qui rémunèrent les devises étrangères et le franc suisse influencent sa valeur.
Ce matin, alors que phébus darde ses rayons, (Molière) pour obtenir un euro au taux de change interbancaire, il faudra débourser 0,9390 francs suisses. La tendance générale est à la baisse.
USD/CHF
Face au dollar, c’est franc et net. La cassure s’est opérée dès les annonces de la maison blanche. Qui vire au rouge vif, comme les places financières. La guerre commerciale qui point et les cours de change du dollar américain satisfont sans doute le locataire du 1600 Pennsylvania avenue qui souhaitais un dollar faible pour une Amérique Etats-Unienne compétitive à l’export. C’est chose faite face à l’euro, puisque l’EUR/USD est passé de 1,07EUR/USD à plus de 1,1100 EUR/USD en deux jours. Face au franc suisse dont l’économie est très imbriquée dans celle des USA, la moitié du chemin aura conduit l’USD/CHF d’un taux de change de 0,8844 USD/CHF à un taux de change inférieur de plus de 330 pips. En effet, mais en cet instant, le dollar américain s’échange à 0,8550 USD/CHF sur les marchés interbancaires. Une déconfiture qui ne manquera pas d’entamer la confiance dans le dollar.
La Banque Nationale Suisse aura du mal à inverser la tendance en intervenant sur les marchés des changes, au vu des accusations de Washington, et des négociations espérées par Berne pour corriger le désastre.
Marchés et commodités
Le réveil des marchés ce matin a commencé au pays du soleil levant avec le Nikkei. Tokyo en baisse de 3% au levé du soleil Suisse a montré la direction. Les bourses américaines, Nasdaq en tête avec ses 6% de baisse hier soir inverseront-elle la tendance ? S’il n’en est rien, c’est bien un Krach boursier qu’aura orchestré Donald Trump. Génie ou apprentie-sorcier ? Les experts sont partagés.
NB :
L’autorité bancaire européenne signale au passage que les banques américaines détiennent 28% du marché des produits dérivés en Europe. Seuls 66% des expositions bancaires européennes sont libellées en euros. 20% en dollars US, dont les cours de change se sont effondrés cette semaine. Le risque systémique bancaire est donc accru selon l’autorité bancaire européenne.
Wall Street termine le trimestre à -6 % et le Nasdaq à -16% si l’on compte la journée d’hier. Du jamais vu depuis 10 ans. A l’inverse, l’l’euro STOXX garde 3% de gains.
Hier, Tesla a poursuivi sa chute, -6%, Apple et Meta ont vu 9% de leur capitalisation fondre dans la journée, et Nvidia et amazone près de 8%. Mais rien n’est joué. Le monde de la finance retient son souffle en attendant l’ouverture des bourses américaine cet après-midi. Une inversion de tendance est possible. En Europe, les marchés restent baissiers. Le 10 ans américain a plongé à moins de 4%, les investisseurs préférant se reporter sur les obligations d’état américaines entre autres.
Sans surprises, les groupes impliqués dans les secteurs de la défense sont les seuls à résister à l’ouragan venu du péron de la maison blanche. Se prépare t’il quelque idée nouvelle dans le bureau ovale aujourd’hui ?
SMI
A 31% de droits de douanes US, l’économie suisse est plus durement touchée que celle du reste de l’Europe. Logitec, dont la production est très impliquée en Asie subit la vague Trumpiène de plein fouet : -20% sur la semaine. Novartis, qui vient au passage d’obtenir une homologation pour un de ses médicaments phares aux USA, l'atrasentan, médicament contre le diabète, résiste grâce à l’exemption de droits. L’action reste dans le vert, et fait exception aux cotés de Nestlé et Swisscom. Roche a l’inverse voit son médicament contre la sclérose en plaque échouer aux tests et perd 5% depuis hier. La saignée a emporté Partners Group, UBS, -15%, et Lonza qui pourtant vient de terminer de racheter 2 milliards de francs suisses d’actions afin de les détruire, renforçant ainsi son contrôle.
Comme les autres places financières, la place de Zürich a le regard tourné vers les Etats-Unis pour espérer terminer cette difficile semaine sous de meilleurs auspices. Le SMI est à 11942 points et fait presque -3%.
Pétrole
L’annonce ce jeudi par les pays de l’OPEP+, d’une hausse de production plus forte que prévu, jumelée aux conséquences prévisibles d’un recul de la consommation induits par les annonces du 2 avril, notamment en Chine, fortement impactée par les nouvelles taxes douanières, ont fait s’effondrer les cours du brut. Est-ce un effet temporaire ou les prix vont-ils se tasser ? Le plein de carburant de votre véhicule carboné pourrait bien vous faire faire des économies dans les jours à venir, que vous régliez la note en francs suisses, ou que vous convertissiez vos francs suisses en euros comme beaucoup de frontaliers pour aller faire le plein en France voisine. D’autant que l’or noir se paye en dollars à la base…
L’OPEP+ va injecter 411000 barils supplémentaires par jour au mois de mai ce qui est supérieur de 30% aux chiffres escomptés.
Or
L’or brille par son absence dans cette crise, alors que cet actif traditionnellement refuge comme l’est le franc suisse fait habituellement des bonds en cas de tempête boursière. Bien au contraire, le métal jaune a perdu % hier ce qui laisse tout de même l’once d’or à un cours de 3111 dollars l’once, en recul de 2,2% par rapport à mercredi ! Voilà qui doit perdre plus d’un investisseur ou plus d’un expert en quête de repaires.
La barre de 1kg 999/000ème vaut actuellement 85200 francs suisses, loin des 87000 francs suisses de la semaine dernière. Le vreneli et le napoléon cottent 486 francs suisses, contre 493 francs suisses il y a 7 jours. L’or est désormais très sensible aux hausses et aux baisses de taux d’intérêts à venir. Mais si vous décidez de convertir vos francs suisses ou vos euros en métal jaune, vous ne risquez pas autant qu’avec les titres et les produits dérivés.
Cryptomonnaie
Le bitcoin se maintient à 84500 dollars soit 72200 francs suisses au cours de change du jour. La cryptomonnaie a subi une hausse de 2%.
Ce sursaut est de 1500 dollars depuis la semaine passée ce qui n’est pas considérable si l’on s’en tient aux précédents mouvements historiques du BTC lors d’évènements comparables. L’ethereum, seconde capitalisation du marché, plus impacté a perdu 6%, 8% pour le ripple qui sert de « devise de change » pour les transferts rapides, à plusieurs grandes banques.
Selon UBS : Les prévisions à l’épreuve des tarifs
Ce samedi entrera en vigueur la première taxe minimale de 10%. Pour la Suisse en revanche la facture est salée. Cela n’empêche pas les analystes d’UBS de rester positifs une le maintient de la solide demande des consommateurs et sur une baisse du chômage. Voilà peut-être une bonne nouvelle pour tous les frontaliers que nous rencontrons dans nos bureaux de change. Les experts d’UBS tablent sur la hausse de pouvoir d’achat qui accompagne la baisse de l’inflation. Consommation et investissement intérieur vont souvent de pair. Plus surprenant, ils voient les exportations progresser malgré la conjoncture. Mais ces expectatives restent basées sur la continuité du rebond de l’économie européenne, la zone euro a vu les salaires réels augmenter très significativement dernièrement. Elle suppose que la consommation européenne va perdurer toute l’année et induire des investissements bénéfiques pour les exportations suisses.
La banque prend cependant en compte les évènements de la semaine qui pourraient ralentir la croissance européenne et gêner le rythme des exportations suisses. UBS met en garde contre les effets de la politique douanière américaine qui pourraient freiner l’expansion économique suisse en 2025.
Taux de change du franc suisse en pleine crise :
Enfin la banque revoit à la baisse les taux de change élevés du franc suisse dont les cours pourraient favoriser l’euro, surtout avec un dollar faible. Elle ne voit plus l’EUR/CHF à un cours de 0,9200 EUR/CHF d’ici fin 2025. Il est peut-être temps de convertir des francs suisses en euros ?
Nous terminons ici notre analyse hebdomadaire de la paire EUR/CHF. Espérons que la semaine prochaine, nous pourrons traiter des cours de change du franc suisse sans que la maison blanche ne continue à faire la une de l’actualité. Si vous avez pris des positions courtes sur l’EUR/CHF telles que des put euros cette semaine, vous avez tout compris. De même si vous avez l’appli…
Que faire à Genève et alentours ce week-end
Ce week-end, de 8H30 à 19h00, à Palexpo, le salon Watches and Wonders, salon de l’horlogerie accueillera de nouveaux venus. Parmi lesquels Bulgari. Au lab, des start up présenteront de nouvelles technologies innovantes.
En haute Savoie, grand vide grenier à Chan sur Léman, des 7h30. Un autre à Sciez, dès 9H…
L’Alpi hours, à Saint Gervais les Bains marque la fin du printemps et le dernier jour de ski. De 6h à 21h00 ce dimanche, divers spectacles et concerts auront lieu sur la place de St Gervais les Bains.
La bourse aux vélos de Cran Gevrier avec l’association Roule and Co aura lieu demain de 8h00 à 16h30. C’est l’occasion d’acquérir une mécanique infernale. L’évènement aura lieu place des.
Bon week-end quand même
Il est l’heure pour toute l’équipe de la rédaction de Ben S Solutions de Change de vous quitter et de vous souhaiter un excellent week-end. Nous espérons nous retrouver la semaine prochaine dans un monde moins tourmenté.
X.C.