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EUR CHF : Parité bien ordonnée commence toujours par soi-même !
Publié le 22 March 2024
Temps de lecture < 17 min.

EUR CHF : Parité bien ordonnée commence toujours par soi-même !

On ne sait plus comment se vêtir ces derniers jours de mars, avec un climat qui nous amène des surprises.

Bonjour à tous,

Les matinées sont fraiches, Attention à ne pas prendre froid aurait dit ma grand-mère : Le franc suisse prend froid également cette semaine. Si vous avez lu notre dernière analyse : « EUR CHF : jusqu’à la parité ? » vous avez peut-être été étonné de la conclusion. Dont acte !

Voilà des mois que nous exposons la considérable influence des taux directeurs des banques centrales sur les cours de change du franc suisse face aux devises étrangères. Et voilà 5 mois que l’objectif des 2% d’inflation a été dépassé par l’institution suisse, avec 1.2% en février. Contre 2,80 pour l’Europe et la zone euro, et moins de 3% aux Etats-Unis.

Hausse de taux si tôt

Hier matin, un peu après l’ouverture des marchés, la Banque Nationale Suisse a finalement annoncé la réduction de ses taux d’intérêt directeurs, surprenant la grande majorité des experts qui avaient tablé sur un statu quo. La BNS, par la voie de son président démissionnaire, satisfaite des résultats de la politique monétaire qu’elle a mené depuis des mois, a annoncé la baisse de ses taux d’intérêts de 0.25%, passant ainsi de 1.75% à 1.50%. L’institution monétaire suisse deviens ainsi la première banque centrale d’importance pour les cours du franc suisse à diminuer les couts de dépôt et d’emprunt. Mais son président a souligné qu’il n’y avait aucune intention si ce n’est qu’il jugeait le moment opportun pour l’économie suisse.

Cours de l’EUR CHF à la verticale

Les effets sur la paire de devises dont nous traitons ici ne se sont pas fait attendre. Le cours de l’EUR CHF a bondi de 120 pips passant de 0.9660 EUR CHF hier matin, à 0.9780 francs suisses pour un euro. Déjà en hausse depuis 2 mois, l’euro rattrape son cours de change de l’été dernier, au désespoir de tous les frontaliers qui voient mécaniquement leurs salaires diminuer d’autant, de semaines en semaines, et à la joie des entreprises suisses exportant des biens et des services.

Bon pour l’économie

La banque a estimé qu’il était opportun de soutenir l’économie suisse par cette intervention et que le franc suisse s’est trop apprécié face à l’euro et au dollar américain. D’après elle, l’économie suisse s’essouffle du fait d’une demande extérieure insuffisante dont les premiers effets se font ressentir des deux côtés de la Sarine. Et elle prévoit une croissance limitée à un pourcent de PIB. Ces déclarations ne devraient plus encourager les investisseurs conservent jusqu’alors le franc suisse comme une devise de réserve solide et contribuer à ramener l’EUR CHF à la parité. L’attrait exceptionnel que nous avons connu pour le franc suisse, s’érode. Le différentiel d’inflation et de taux d’intérêt entre la zone euro et la Suisse est un facteur déterminant dans la fixation du taux de change de l’EUR CHF. L’écart se creuse ainsi jusqu’à ce que la Banque Fédérale américaine et la Banque centrale européenne relèvent leurs taux. Ce que les marchés attendent pour le début de l’été, mais cette dernière n’a pas donné de date et l’inflation en zone euro motivera sa décision.

Parité entre euro et franc suisse : Et après ?

Hier matin, un grand nombre de traders ont pu solder leurs positions et engranger de confortables bénéfices ce jeudi. D’où probablement la lente remontée du franc qui s’en est timidement suivi. Alessandro Bee, économiste chez UBS qualifie la décision de la BNS de courageuse mais rappelle que d’autres banques centrales vont suivre cette année. Selon Philipp Burckhardt, stratège de la banque Lombard Odier IM, cette baisse de taux est la conséquence logique des baisses des conditions économiques et financières actuelles. Le stratège estime que d’autres baisses devraient suivre, ce qui pose la question suivante : Jusqu’où après la parité ? Pour Julien Stähli, Président Directeur Général de la banque Bonhôte, dès lors que la Banque Nationale Suisse a gagné la lutte contre l’inflation, elle va se consacrer à son objectif d’avant crise : Lutter contre le franc fort. Si les faits lui donnent raison, on peut s’attendre à une hausse continue de l’EUR CHF que seule un retournement de conjoncture économique ou boursière défavorable peut enrayer. Nous ne sommes pas à l’abri d’un krach mais pour le moment, la météo des marchés est au beau fixe.

Enfin, l’économiste en chef de chez Julius Bär, D. Kohl, s’étonne de la forte dépréciation du franc suisse et considère qu’elle a été causée par la surprise causée par la BNS dont peu d’experts pensaient qu’elle renoncerait à sa prudence habituelle en prenant l’initiative si tôt dans l’année. En conséquence, le rendement suisse à 2 ans a régressé de 12,5points de base, car il est très réactif aux changements de taux d’intérêts. Il se situe désormais sous la barre des 1%, contre 2,40% pour les obligations allemandes à titre d’exemple. Toujours selon lui, cela ouvre la voie à de nouvelles baisses de taux en 2024, et à la baisse de l’EUR CHF par voie de conséquences.

La baisse de l’inflation est désormais mondiale.

Une semaine de change du franc suisse

La semaine de l’EUR CHF

Lundi 18 mars à 9 heures du matin, la paire EUR CHF a commencé la semaine à 0.9630. La paire de devise a au plus bas touché par deux fois une résistance à 1,2120 les 18 et 19 mars, avant d’entamer une progression lente et régulière qui l’a mené à 0.9680 EUR CHF hier, à 9h28. A 9h30, heure de l’annonce par la BNS qui a ramené ses taux directeurs à 1,50%, le cours de change a bondi 100 pips plus haut en un instant. Depuis en recul, il a franchi un nouveau palier à 0.9779 EUR CHF hier vers 13h30.

A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, la paire EUR CHF se repli à 0.9742 EUR CHF

La semaine de l’USD CHF

Pour le dollar face au franc suisse, la dynamique a été légèrement différente. Parti de 0,8840 USD CHF à l’ouverture des marchés, la paire USD CHF a entamé un mouvement haussier qui s’est achevé à 0.8912 USD CHF, une minute avant l’intervention du président de la réserve Fédérale Américaine puis a plongé jusqu’aux alentours de 0.8840 USD CHF. Pour ensuite bondir tout comme l’EUR CHF à l’annonce de la banque Nationale Suisse, à 0.8968 USD CHF, soit dans les mêmes proportions.

A présent, l’USD CHF se négocie 0.9010 USD CHF, sur le FOREX. Une barre symbolique des 0.9000 USD CHF a donc été franchie

Peut-être l’année 2024 verra t’elle l’USD CHF retrouver la parité avec le franc suisse comme en 2022. Mais le chemin à parcourir est autrement plus long que pour l’euro. Les interventions des banquiers centraux, les indices PMI, manufacturiers les chiffres du chômage et les indicateurs d’une économie américaine en pleine croissance conduirons l’évolution des taux de change de cette paire de devises.

Psychologie des marchés

Quoi qu’il en soit, la nouvelle a suffi à requinquer le principal indice boursier suisse qui a approché son record à 11708 points, ainsi que tous les autres. Un petit quart de point de taux d’intérêt prompt à redonner de l’entrain à toutes les entreprises suisses qui exportent ces derniers temps avec un peu plus de difficultés, comme le soulignait dans sa déclaration Monsieur Thomas Jordan.

Des indicateurs de l’économie :

Les taux obligataires américains sont stable, à 4,27% pour le rendement à 10 ans. Ceux de l’Allemagne ne correspondent plus à la réalité des taux d’intérêt de la Banque Centrale Européenne. La SEC, le gendarme de la bourse américain met en garde contre cet état de fait, y compris aux USA. En attendant, l’optimisme était encore de mise cette semaine sur les marchés financiers. Le Dow Jones est à une encablure des 40000 points, le CAC40 est très au-delà des 8000 points, son record absolu, le Nasdaq a battu son record hier, grâce aux banques nationales suisses et britanniques qui ont infléchie leur politique monétaire, l’une par les actes, l’autres par un ton pacificateur.

Les investisseurs considèrent que la série des baisses de taux d’intérêt est l’accélérateur de la croissance, qui va relancer l’économie, permettre aux entreprises de faire des bénéfices et lancer la spirale malgré des taux encore un peu élevés. Et le franc suisse n’aura alors plus de carburant pour rester à ses niveaux récents.

Le SMI

L’indice de la place financière de Zürich a profité de la baisse salvatrice du franc suisse. Cette effet des décisions de la BNS était attendu avec impatience pour redonner de l’attrait aux exportations suisses. L’indice a franchi un palier à 11779 points mais la fièvre est retombée ce matin aux alentours de 11700 points.

Sans surprises, les secteurs de l’exports ont fortement évolué et ceux de l’import ont reculé. Le groupe Lonza prend ainsi 11% cette semaine suivi de quelques autres hausses. Au chapitre des déconvenues le groupe Richemont chute de 7% du fait de résultats décevants, et Logitech a perdu 4% depuis lundi suite au départ de son stratège et directeur financier.

Cours du brent, brut en mer du nord

Les cours du baril ont un peu reculé alors que les stocks américains sont en forte baisse. Les annonces de la FED auraient dû encourager la poursuite de la reprise et donc la demande mondiale. Le dollar ayant reculé, (pas face au franc suisse mais face à d’autres devises comme l’euro) cela n’a pas bénéficié au prix du baril. Après avoir atteint 87,60 dollars américains, l’or noir se repli vers 85,70 dollars. Les attaques en mer rouge, loin de gripper l’approvisionnement, n’ont pas eu l’effet escompté par leurs auteurs sur les prix du pétrole ni l’inflation du reste. Bien qu’en hausse, le prix du baril reste stable face à la conjoncture.

Once d’or,

A 2170 dollar l’once, l’or a de quoi satisfaire ses détenteurs. Cette éternelle valeur de repli n’est pas censée susciter autant d’engouement alors que les valeurs boursières procurent des rendements très supérieurs. Est-ce le signe que les investisseurs considèrent le « bull run » boursier comme pouvant être une bulle ?

Le lingot qui vaut actuellement pas moins de 62000 francs suisses ce matin, fait cette fois la course en tête face à l’or digital, sans oublier qu’il jouie d’une plus grande stabilité. La pièce suisse de 20 francs or, et son cousin français le napoléon 20 francs, continuent de battre des records avec un cours qui atteint ce matin 368 francs suisses pour une pièce contenant 5.8 grammes d’or. Il n’y a que 15 francs d’écart de valeur désormais entre une pièce primée : en excellent état, et une pièce abimée qui ne vaut plus que le poids de l’or. Si vous comptez vendre votre or ces temps-ci, ne soyez pas trop sensibles aux arguments de l’acheteur sur l’impossibilité pour lui de la revendre et sur ses frais de fonte onéreux.

Crypto-monnaies

Avec un bitcoin valant 65250 dollars, soit 58750 francs suisses au taux de conversion actuel, on peut dire que l’or digital bien qu’en recul par rapport à ses record, conserve des valeurs inédites. Selon la plupart des experts du secteur des crypto monnaies, la création de Monsieur Satoshi reprend son souffle avant de prendre son élan vers un nouveau pallier à 100000 dollars. L’ethereum s’est lui aussi replié vers les 3450 dollars après avoir franchi les 4000. Et la capitalisation totale du marché des cryptos n’est plus que de 2,5 billions de dollars.

Bulle or not bulle ? That is the question.

Alors que les records s’enchainent sur les places financières et boursières qui sont au plus haut, la Chine mise à part, qui subit les contrecoups de sa dette intérieure immobilière, et de la faiblesse des plans de relance successifs. Faut-il se réjouir ou s’inquiéter. La flambée des indices peut étonner, dans un monde de plus en plus instable. Les profits des grandes entreprises n’ont jamais été aussi importants. 40 milliards pour les entreprises suisses du SMI, 140 milliards pour les entreprises françaises du CAC40. Alors nous direz-vous :

N’allons pas gâcher la fête.

La spirale haussière va-t-elle continuer ? Beaucoup d’entreprises ont réduit leurs effectifs ces derniers mois, parfois avec le concours de l’intelligence artificielle, ce qui leur a permis d’améliorer leur rentabilité et leur compétitivité. La baisse des taux d’intérêt induite par le recul de l’inflation devrait booster la vigueur des marchés. Mais ceux-ci semblent décorrélés du monde réel et de l’économie telle que nous la vivons, sous l’effet du gigantisme des multinationales. Sans oublier que les places financières sont tirées vers le haut par les valeurs de l’intelligence artificielle, Nvidia et Meta en tête. Mais le pari atteint ses limites. Reste à voir quels profits en tirerons Microsoft avec open AI et ses consœurs, lors de la vente de leurs solutions, par rapport à leur valorisation boursière.

Quand tout va mal, tout va bien

L’or sous les 2200 dollars l’once, le bitcoin à 72000 dollars lundi dernier, voilà qui peut surprendre en période de frénésie acheteuse, et alors que les crises semblent s’éloigner. Selon R. Evangelista analyste chez Activ Trades, la hausse de l’or se produit en général en corrélation avec des périodes d’inquiétude voir même de crise. Or, les tensions géopolitiques et la menace de conflits qui plane un peu partout interrogent sur les niveaux élevés des actifs boursiers et financiers qui évoquent une bulle. Selon Monsieur Baradez, analyste marché IG, l’euro par exemple, est suffisamment faible pour alimenter les performances des marchés européens, pour les deux à trois ans à venir.

Fois 20

Rappelons que les actions du S&P500 s’échangent à un ratio équivalent à 20 fois les bénéfices prévus pour 2024.

Personne n’est en mesure de prédire si les dividendes continueront à pleuvoir, l’inflation à baisser, le franc suisse à perdre de la valeur, ou si des évènements se produiront, à l’est de l’Europe, au Proche et Moyen Orient, en Asie, qui précipiterons cette « pseudo bulle » vers les abysses, et ramèneront le franc suisse vers ses records. Le cours actuel de l’or est un bon indicateur. Le cours de change du franc suisse ne semble plus l’être.

Pour conclure :

Le franc suisse n’est pas encore condamné à retourner à 1,10 EUR CHF. La moindre crise, le moindre krach sur les marchés ou défaut de paiement des banques peuvent provoquer la ruée sur le franc suisse. Cependant, la réalité de l’état de l’économie suisse transparait et bien qu’un pourcent de croissance soit un score positif au vue de la demande extérieure avec un franc si fort, brider le franc suisse était le meilleur service que pouvait rendre aux entreprises suisses la BNS en cette période de grands changements.

Ce ne sera évidemment pas l’avis de tous les clients qui font du change, mais chez Ben S, nous resterons constants et transparents. Nous vous accompagnerons pendant cette période charnière.

Nous aurons le plaisir de nous retrouver jeudi prochain pour une nouvelle analyse de la paire EUR CHF. En effet vendredi prochain est un jour férié. Vous aurez probablement l’occasion de déguster du chocolat. Toute les équipes Ben S Digital Change et Ben S Solutions de change se joindrons à moi d’ici là pour vous souhaiter de bonnes fêtes, quelles qu’elles soient.

X.C.

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