EUR CHF : jusqu’à la parité ?
Il a fait 20 degrés hier à Genève, en plein mois de mars.
Bonjour à tous,
Certains d’entre nous qui avaient comme moi gardé leur doudoune, ont dû être surpris. Bientôt, nous irons à Genève plage profiter du coucher de soleil sur le lac Léman. Les jours rallongent et le moral est au beau fixe, y compris sur les marchés financiers. J’ai été admiratif de voir quelques courageux se baigner dans le lac hier, près de Genève plage. Cela détend, à l’heure à laquelle les relations internationales se tendent et les marchés sont en surchauffe.
Ce n’est (pas) qu’un au revoir
L’actualité économique a constaté le départ annoncé du président de la BNS, Thomas Jordan, que nous citons périodiquement depuis des mois dans nos publications du fait de son action influente et de sa politique monétaire sur le taux de change de l’EUR CHF. Sa démission est actée pour le mois de septembre. On ne lui imagine aucun remplaçant pour l’heure, ce qui en dit long sur son bilan. Son action a mené le cours de change du franc suisse en capacité d’épauler l’efficacité des hausses de taux à ramener l’inflation en Suisse loin de la barre des 2%, (1,2% en février) avec un taux directeur pour la BNS fixé à 1,75%.
Les marchés financiers s’enhardissent, et la température monte plus qu’à l’accoutumée, sur les places financières. La période est aux bonnes affaires, et notamment pour ceux qui ont choisi le bitcoin et l’ethereum comme investissement à risque. Tous les records sont battus.
Mais alors que tout l’influence à remonter, l’EUR CHF ne se décide pas fermement à quitter son statut de valeur refuge pour retourner chatouiller la parité. Les analyses techniques l’avaient même donné baissier, graphique à l’appui. Depuis 3 semaines, il se maintient dans les parages de 0.9600 EUR CHF, alors que tout l’annonce vers la parité.
La paisible semaine de l’EUR CHF
Nous nous sommes quitté avec un taux de change de 0.9585 EUR CHF, dans un marché dont le cours oscillait autour des 0.9600 EUR CHF. Lors de cette 11ème semaine de l’année, l’EUR CHF a entamé sa progression à 0.9586 EUR CHF. Mardi midi, et durant quelques minutes, la paire de devises a touché son plus bas de la semaine, sur une résistance de 0.9571 EUR CHF, avant de reprendre son ascension. Un sommet a bien été franchi hier matin à 0.9627 EUR CHF, mais c’est aujourd’hui que l’ascension de l’EUR CHF a franchi le petit record de la semaine, avec un euro contre franc suisse s’échangeant à 0.9629 EUR CHF sur les marchés des change. A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, l’EUR CHF se négocie 0.9618 EUR CHF sur le marché interbancaire. Dans une ambiance boursière toujours euphorique.
EUR CHF : Quelqu’un voit le sommet ?
S’agit-il d’une bulle ? Les indices des places financières ne cessent de progresser, plus haut qu’ils n’ont jamais été. Et un consensus d’expert nous affirme que l’EUR CHF entame également son chemin vers la parité, sans la moindre détermination, avec incertitude, comme si la prime sur le risque retenait son taux de change. Pourtant, la plupart des indices et des chiffres de l’économie globale indiquent obstinément une embellie pérène.
Il n’en a pas toujours été ainsi
Depuis le début du conflit en Ukraine, les poussées inflationnistes influençant les politiques monétaires de la Banque Nationale Suisse ont amené un renchérissement du cout de la vie à un taux que le pays n’avait pas connu depuis des années. En aout 2022, le taux d’inflation en Suisse franchissait les 3,5%, amenant la BNS à relever son taux d’intérêt directeur à 1,75%. Le cours de change du franc suisse a suivi mécaniquement à la hausse également, prisé par les investisseurs soucieux de se positionner sur certaines valeurs de repli, dont la devise suisse faisait partie, d’autant que Monsieur Jordan, encore président à ce jour de la BNS, annonçait faire usage du taux de change du franc suisse comme variable d’ajustement de l’inflation.
Coté Europe
De l’autre côté de la frontière, l’intention était la même, de soutenir les taux de change de l’euro face aux principales devises étrangères. La compétition était rude entre banques centrales pour ralentir l’inflation, et l’objectif était le même pour tous les banquiers centraux des principales puissances économiques : Ramener l’inflation sous la barre des 2%, sans endommager les systèmes financiers ni faire s’effondrer les marchés. D’aucun nous prédisait alors une récession.
Une crise de faillites bancaires plus tard, circonscrite il y a un an, et alors que l’objectif des 2% est en vue pour la plupart des banquiers centraux, les marchés boursiers ne se sont jamais aussi bien portés, enchainant les records.
Euro contre franc suisse
Il n’en allait pas de même à l’époque, et alors que l’inflation faisait rage, Les rendements à 10 ans des bons du trésor suisse étaient multipliés par 2,5. La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne dans le même temps, avec une inflation à 5,8% et des taux d’intérêt directeurs à 4,5% n’a pas subi une telle hausse des rendements des emprunts d’état de ses membres. C’est cet écart entre la zone euro et la Suisse qui a amené le taux de change de l’EUR CHF à connaitre une spirale qui l’a plongé jusqu’à 0,9300 EUR CHF. Le summum étant atteint pendant les fêtes de fin d’année 2024, mais pour des raisons techniques liés à des mouvements comptables microéconomiques.
Les taux d’intérêt de la BCE n’ont pas suffi à compenser l’inflation en zone euro. L’écart entre la Suisse et la zone euro précipitant l’EUR CHF vers une baisse de 10% sur la période. La hausse du franc suisse a été soutenue par la Banque Nationale suisse qui s’est défaussée d’un tiers de ses réserves de devises, alors de 946 milliards en 2021, pour atteindre à ce jour 660 milliards de francs suisses environ.
Nouveau paradigme
L’écart entre l’indice des prix à la consommation en zone euro et celui de la suisse n’est plus aujourd’hui que de 190 points de base. 180 pour le différentiel de rendements des taux d’intérêt, qui se rapprochent du taux de l’inflation. Quant à la Banque Nationale Suisse, tout indique qu’elle a mis un coup d’arrêt à ses ventes de devises pour le moment.
En conclusion, la seule chose qui retient la paire EUR CHF d’atteindre la parité, c’est son statut de valeur refuge. Au moindre grain de sable sur les marchés financiers, à la moindre étincelle géopolitique, le cours de change de la paire EUR CHF sera enclin à replonger vers les abysses. Mais à ce jour, tous les voyants sont au vert.
Le tour des marchés
Avec une mention spéciale pour le cuivre, dont on parle moins que la plupart des métaux rares, mais qui est omniprésent dans tous les composants de notre vie quotidienne connectée. La lutte est âpre pour la prise de contrôle des gisements, et la Chine vient de racheter pour un peu plus d’un milliard de dollars le plus grand gisement d’Afrique au Botswana (Afrique du sud) . Américain et Australiens ne sont pas en reste puisqu’ils viennent également de faire quelques belles acquisitions.
Marchés actions
Le 8 mars à la clôture, le SMI avait atteint 11640 point, au soir d’une belle semaine de hausse. L’indice de la place financière de Zürich n’a pas chômé cette semaine, a tel point qu’il a frôlé les 11800 points à plusieurs reprises, sans jamais les atteindre. Il se contente ce matin de 11740 points. Le dernier du classement cette semaine est la financière Swisslife, plombée par la diminution des commissions qu’elle touche sur son parc immobilier. L’immobilier est atone en France et en Allemagne ou l’assureur possède un large parc. Son titre perdait 5,32% à 635 francs à la date d’hier mais se redresse ce matin. Le champion de la semaine avec une progression de 5.30% sur la semaine est le groupe Logitech international. Les fondamentaux du groupe sont excellents et l’activité est concomitante avec la tendance des valeurs de la tech.
Sur le marché des hydrocarbures,
L’Agence Internationale de l’Energie annonce désormais et soudain, un déséquilibre entre offre et la demande pour les mois qui viennent. Selon Robert Yawger, analyste chez Mizuho, l’agence a pris en compte la continuité des baisses de production des membres de l’OPEP jusqu’à la fin de l’année. Mais les engagements au sein du cartel et de ses alliés n’ont pas toujours été suivis d’effets ce qui a retenu les cours du brut. L’annonce a fait bondir le cours du baril à Londres, à 85 dollars, contre 82 la semaine dernière. De quoi vous donner envie d’acheter un véhicule électrique ?
Avec un million et demi de barils en moins, et 5,7 millions de barils d’essence sur les réserves commerciales américaines, l’EIA pointe le premier recul depuis 4 mois d’augmentation systématique de ces stocks.
De là à se précipiter à la pompe pour faire le plein… Rappelons que Ben S Shop and Change vous offre actuellement 5 centimes de rabais par litre dans sa station de Thônex qui vaut le détour. Petit détour qu’il vous faudra faire, rappelons-le puisque la douane de Pierre à Bochet est momentanément fermée. Vous rejoindrez le bureau de change et la station par la douane de Mon Idée, en 5 minutes environ.
Or
A quelques dollars des 2200 dollars l’once, le cours du métal jaune est ce matin à 2170 dollars. Le kilo vous coutera 60350 francs suisses, plus les commissions des intermédiaires. La pièce de 20 francs suisses vous reviendra à 355 francs suisses, en nette hausse, celle de 20 francs français, dite Napoléon à 353 francs suisses. Saviez-vous qu’en France, la vente de votre or est sujette à une taxe de 11.5%, la taxe sur les métaux précieux ? Et le produit de cette vente vous sera réglé par chèque ou par virement. Alors qu’en Suisse, cette taxe n’existe pas et vous serez réglé en espèces sonnantes et trébuchantes.
Petit tour par les marchés cryptos.
Un bitcoin ce matin s’échange 67650 dollars, 59750 francs suisses au taux de change du jour. Soit une hausse de 0.50% par rapport à la semaine passée. Le marché pèse 2,5 trillion de dollars. Il n’est pas rare que les crypto monnaies subissent une variation de cours de 10% dans une journée. Ces valeurs sont volatiles, mais peuvent constituer des fortunes. Les investisseurs
Changement de cap de la politique monétaire de la BCE.
Et de son influence à terme sur le cours de l’EUR CHF
Depuis plus de 10 ans, la banque centrale rachetait les obligations à coups de 30 milliards par mois et fournissait aux banques les milliards nécessaires afin qu’elles prêtent aux entreprises et aux particuliers. La BCE travaillait ainsi à regonfler la croissance et à relancer l’inflation. En leur fournissant les liquidités sans limites en apparence, la BCE évitait aux banques européennes d’avoir nécessairement à se prêter entre elles. Il leur suffisait d’emprunter à l’institution au taux généreux des dépôts payé par la banque centrale. C’est ainsi que nous avons connu des taux d’intérêt négatifs à travers le Quantitative Easing initié par Mario Dragui en 2015. On se souvient bien des effets du QE, sur le cours de change de l’EUR CHF, qui avait précipité les détenteurs de francs suisses dans les bureaux de change. Certains et certaines banques étaient même tombés en panne de coupures euro.
La fête est finie
L’inflation tant recherchée par Mario Draghi, est aujourd’hui ardemment combattue par Christine Lagarde. Inflation et taux d’intérêt désormais élevés, liquidités qui se tarissent, conduisent à présent la banque centrale européenne à inciter les banques à se fournir les unes aux autres les liquidités qui leur font défaut. Mais la BCE veille à éviter les risques et assure la transition progressive en protégeant l’ensemble du système bancaire européen par une politique flexible et adaptable, selon sa présidente, Christine Lagarde. Celle-ci a annoncé que la BCE les taux à court terme pour le marché monétaire et le taux de dépôt de la BCE seront les plus proches possible les uns des autres, 4% actuellement. Le but étant d’encourager les banques à se prêter entre elles pour se substituer aux prêts de la BCE et de sortir du système bancaire les liquidités issues de l’échéance des obligations qu’elle a acquise.
Il ne s’agit pas de fermer le robinet. La BCE pretera toujours, en prenant des garanties, aux banques qui le souhaitent, notamment pour leur refinancement.
Un nouveau Quantitative Easing ?
La Banque Centrale Européenne évoque également la mise en place d’un nouveau programme de rachats d’obligations, à court terme cette fois dans le but de soutenir le besoin de liquidités du secteur bancaire et de leur permettre de sécuriser leur niveau de réserves obligatoires. Un petit pourcent actuellement détenus sur les comptes de leur banque nationale.
Les obligations à venir ne viseront plus un spectre large mais, selon Madame Lagarde, plutôt les obligations à court terme.
Conséquences sur l’EUR CHF
Il n’est donc pas du tout certain que ce nouveau QE produise le même effet qu’en 2015, alors que l’annonce du rachat de 30 milliards d’euros d’obligations par mois par la BCE, avait causé l’effondrement de l’euro et provoqué des embouteillages dans les bureaux de change. La décision très attendu de la BNS de la semaine prochaine aura peut-être un impact à moyen terme plus déterminant sur les court de change du franc suisse.
Pour conclure
Nous terminons cette analyse de la paire EUR CHF et des devises face au franc suisse en vous rappelant donc l’important rendez-vous que nous donnent la Banque Nationale Suisse, dont la réunion trimestrielle a lieu jeudi prochain et qui pourrait bien, en ramenant ou non ses taux à 1,5%, ou en commentant sa politique monétaire, infléchir fortement le cours de change de l’EUR CHF. Et la veille, celle de la Réserve Fédérale Américaine, aura également un peu d’influence sur la paire de devise dont nous traitons et sur le cours de l’EUR CHF. En revanche, l’USD CHF pourrait, lui, faire un bond mercredi. Mais les experts ne s’attendent pas vraiment à une surprise.
D’ici là, toute l’équipe de Ben’S Solutions de Change se joint à moi pour vous souhaiter un excellent week-end.
X.C.