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Pluie de « PIPS » * ce printemps
Publié le 12 May 2023
Temps de lecture < 9 min.

Pluie de « PIPS » * ce printemps

Sortons les parapluies

Alors que de nombreuses régions d’Europe manquent cruellement d’eau, notre bassin lémanique a pour l’instant la chance d’être bien arrosé. Cette semaine, ce week-end et la semaine prochaine, météo Suisse nous promet que nous pouvons ranger les barbecues. L’heure n’est pas plus à l’optimisme, sur les marchés financiers, qu’au bain de soleil sur les pelouses. Mais de belles éclaircies et un temps indécis se font jour dans les deux cas. Et préservent le moral.

Si vous me permettez un parallèle incertain : Voilà qui profite au franc suisse et à l’agriculture locale, quand d’autre régions d’Europe et du monde souffrent de pénuries d’eau. Cela suffira-t-il à maintenir le niveau à flot ?

Un franc suisse toujours plus fort

Après avoir commencé la semaine à 0.9820, lundi, le franc suisse s’est stabilisé dans une fourchette comprise autour des 0.9750 EUR/CHF, 0.9770 EUR/CHF. Les effets des décisions des banques centrales, la semaine dernière ont renforcé le franc suisse sur des positions hautes, et la tendance se confirme cette semaine. La moyenne de 0.9840 francs suisses pour un euro qui était devenu la norme depuis quelques semaines, semble durablement cassée par ces décisions prises il y a 8 jours. Même si depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, cette tendance se maintient.

La banque d’Angleterre qui a augmenté ses taux, hier, a légèrement renforcé le dollar face à la livre au franc suisse et à l’euro. Avec une livre sterling à 1.1220 GBP/CHF, et à 1.1462 GBP/EUR

La Banque Nationale Suisse, elle, se réunira fin juin, et sa décision sera déterminante pour la direction que prendra la paire EUR/CHF.

Les deux font la paire

La semaine de l’euro contre franc suisse

La paire EUR/CHF, était à son plus bas hebdomadaire, le 08 mai avec un taux de 0.9820 EUR/CHF. A l’heure à laquelle nous écrivons ces lignes, la paire se situe sur un taux de change de 0.9737 EUR/ CHF. Nous citons ici bien sur le cours de change interbancaire indicatif, déterminé par les échanges entre banques, pour des transactions qui se montent à des centaines de millions et des milliards de dollars (le dollar qui reste encore la monnaie de référence à l’international, mais pour combien de temps ?)

Le dollar se maintient face au franc suisse, autour de 0.8930 USD/CHF. Il a commencé la semaine à 0.8873, avant d’atteindre un plus haut à 0.8955 USD/CHF, hier à 14H30, après l’annonce des chiffres de l’inflation aux Etats Unis.

Sur les marchés :

SMI

Le Swiss Market Index à Zürich a progressé de 0% en un an ! Mais 7% depuis le premier janvier dont 2.5% en un mois. Il se situe à 11500 points ce matin. En progression sur le mois.

L’or, qui a atteint une pointe sous les 2050 dollars l’once, s’est replié aux alentours de 2005 USD. La pièce de 20 francs or 900/1000émes, le Vreneli, cote actuellement 347 CHF, contre 357 chf pour son voisin aux caractéristiques identiques, le « napoléon » 20fr. le kilo se négocie sur une base de 57500 CHF.

Brent, pétrole brut en mer du nord

Le pétrole qui a commencé la semaine à 72.5 dollars, et est monté à 77,50 usd, vaut 74.5 dollars. Un comparatif des prix à la pompe, dans l’union européenne a montré que ce sont les français qui paient le plus cher, 16% de plus que leurs voisins, leur carburant, alors que le prix de l’essence payé par les professionnels et la grande distribution a retrouvé ses niveaux d’avant-guerre, soit 60 centimes le litre, au prix de gros à Rotterdam. Les Suisses, eux, seraient beaucoup mieux lotis.

BTC et autres cryptos

Les cryptomonnaies sont en recul avec une capitalisation totale de 1,10 trillion de dollars, le bitcoin ne valant plus que 26600 dollars (23700 francs suisses). Il pèse toujours 46% de la masse capitalisée.

A noter

Dans l’actualité économique de la semaine, on notera la suppression de la plus vieille taxe genevoise, la taxe professionnelle communale, instaurée par Napoléon il y a deux siècles. Sa suppression a été compensée par une augmentation de l’impôt sur les bénéfices des entreprises, de 0.7%, soit désormais, 14.7%. Contre 25% +17% soit 43%, en France voisine.

Ainsi que les déboires budgétaires de la gouvernance américaine en vue du traditionnel rendez-vous du congrès qui doit valider les augmentations de la dette abyssale des Etats Unis.

A tous vents

Les marchés boursiers interprètent comme ils peuvent les successions de résultats, les inflexions de politique monétaire des banques centrales, dans une période sans visibilité. Le sentiment dominant qui est apparu la semaine dernière est celui d’une banque fédérale américaine qui va être contrainte de cesser d’augmenter ses taux d’intérêts directeurs. C’est ce que montrent en tout cas les contrats à terme. On notera à ce sujet, parmi les innombrables spéculations sur les bancaires en difficultés les performances de la banque Pacwest bankcorp dont nous parlions les semaines passées, qui a perdu 68% de sa valeur et en a regagné 82%, avant de replonger de 23% suite à une hémorragie de retraits des déposants de la banque, à 4.70 dollars pour l’heure, et ce, en moins d’une semaine.

Suites aux appels des dirigeants de JPMorgan réclamant une réponse plus efficace des autorités fédérales américaines, les grandes banques ont également reculé. Elles s’attendent à devoir s’acquitter d’une taxe plus sévère pour recapitaliser les fonds de garanties bancaires.

L’arrêt de la politique de hausse des taux est la condition sinéquanone à une reprise des investissements et pour mettre fin à la série coûteuse d’effondrements contagieux des banques régionales, américaines surtout. La banque centrale américaine, ne souhaite cependant pas dans l’immédiat, une forte reprise de l’activité, qui relancerait l’inflation. Elle ne peut donc pas annoncer la fin de son cycle de hausse des taux. Mais tout le monde s’accorde sur le fait qu’elle va cesser de les accroitre, et commencer à resserrer ses taux directeurs. Les autres banques centrales ne lui emboiteront le pas que si le ralentissement de l’inflation se confirme, localement.

Influence sur le cours de euro chf

Ce n’est cependant pas ce qui se profile pour la Banque Nationale Suisse qui devrait renforcer son taux directeur afin de ralentir l’inflation, ce qui ne manquera pas d’avoir un effet de levier sur le cours du franc suisse, et notamment sur la paire EUR CHF.

La politique des banques centrales et le cours des monnaies continuent d’évoluer au gré des crises bancaires qui se succèdent, des statistiques macroéconomiques, surtout aux USA, des risques concernant le plafond de la dette américaine, et de la géopolitique.

Valeurs refuges

Le rendement de la dette américaine a bondi à 5.50%, un record qui souligne les craintes des marchés Tout comme les prises de positions baissières telles que des « put », dans un marché qui conserve une appétence pour le risque. L’or, par exemple, et le franc suisse, restent très présents dans les portefeuilles des investisseurs, qui détiennent ainsi une assurance en cas de récession. Cela n’a pas empêché le Nasdasq américain de performer avec 7 semaines de hausse en deux mois.

En bref

Le risque ambiant soutient néanmoins un franc suisse extrêmement fort. Et une crise gouvernementale américaine, sur fond de vote au sujet du plafond de la dette, pourrait alimenter un ouragan sur les marchés, qui verrait s’envoler le franc suisse. Notamment si la mèche lente des faillites de banques mal capitalisées ou mal gérées continue à nous maintenir dans l’incertitude.

Mais jusqu’où ira le franc suisse si l’inflation, attendue vers 6% au global, se maintient comme actuellement à 5% ? Le tour de vis de la BNS, qui veut ramener l’inflation suisse de 3.4 à 2%, sera probablement alors le dernier. Et sauf évènement extraordinaire, le cours de la paire euro VS franc suisse pourrait alors repasser franchement la parité d’ici la fin de l’été.

*pour info :PIPS Percentage in points, est la plus petite unité de mesure utilisée par les banques, les bureaux de change et les marchés financiers, pour mesurer le taux de change d’une devise. Ainsi, lorsque Ben S change propose une réduction de 20 ou 30 pips sur ses taux de change, pour un montant supérieur, avec un EUR/CHF à 0.9850 par exemple, la paire de devise se négociera respectivement à 0.9830 EUR CHF ou 0.9820 EUR/CHF.

X.C.

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