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Inflation et hausse du franc suisse

Inflation et hausse du franc suisse

Publié le 03 May 2024 Temps de lecture < 16 min.

Les cours de change de l’euro et du franc suisse ont été secoués cette semaine. La faille ? L’inflation sous-jacente et réelle. On n’attend pas de réplique pour le moment.

Séisme de 70 pips sur l’échelle de Ben S

Les annonces des banques centrales, les chiffres et les indices PMI, de l’emploi, de la consommation, des prix, toutes ces données peuvent avoir une influence sur le cours de change de l’EUR CHF et donc sur l’évolution de vos transactions de change au fil des mois. Ce début mai ne fait pas exception avec la surprise d’un regain d’inflation au pays de Guillaume Tell.

En France, le mois de mai est traditionnellement le mois des ponts chômés et du muguet. A Genève également, le 9 mai est un jeudi férié. Peut-être certains d’entre vous en auront-ils profité pour rallonger le week-end. Tous nos bureaux seront ouverts vendredi 10 mai, ainsi que tous les jours de l’année pour ceux situés aux frontières, mais Genève pourrait bien être assez calme.

L’EUR CHF brise ses supports

Calme, la paire EUR CHF ne l’a pas été cette semaine, et partout, les taux de change, les taux d’intérêt et l’inflation constituent un triptyque intimement lié. C’est avant hier, mercredi, que la FED était attendu sur sa réunion de politique monétaire, et a annoncé un non évènement attendu comme tel par tout le monde comme nous allons le voir, mais qui a eu son petit effet sur les taux de change des devises. Le 1er mai n’était pas férié aux Etats Unis, mais il l’était dans certains cantons, ainsi qu’à la bourse de Zürich.

Un mois de baisse, et après ?

Après un mois de mars boursier en hausse, le mois d’avril a été sombre sur toutes les places financières, à l’exception notable du FOOTSIE, la bourse de Londres qui s’est démarquée (+4%). Londres est l’une des principales places financières qui cotent les valeurs minières et extractives. Aux Etats Unis, le S&P 500 a perdu 4% en avril, le SMI à Zürich, 4,5%. Depuis le début de 2024, alors que des menaces sur la paix globale se profilent sporadiquement, secouant les places financières, alors que les marchés actions battent des records pendant que des incertitudes surgissent sur les marchés financiers, et que les obligations sont enfin d’un rapport tout à fait raisonnable, les investisseurs voient leurs espoirs de baisse des taux d’intérêt douchés. Douchés comme nous cette semaine, par la météo. Au moins, ceux d’entre vous qui travaillaient ce 1er mai, jour chômé à Genève pour les administrations mais pas jour férié pour le reste de la population active, ont-ils profité d’un rayon de soleil.

Objectif 2%

Le rayon de soleil du premier mai pour les investisseurs, c’était Jerome Powell, le brillant président de la Réserve Fédérale américaine. Ce n’était tout de même pas noël et, conformément aux attentes, l’institution n’a pas abaissé ses taux face à l’inflation américaine qui fait de la résistance. Mais le banquier central a rassuré le monde de la finance : Sauf évènement cataclysmique, Il n’y aura pas de hausses de taux cette année. Comme beaucoup d’analystes se posaient la question du fait de la résilience de l’inflation américaine, la pression sur le taux de change de l’USD CHF devrait se relâcher. Le dollar monte face au franc suisse depuis la baisse des taux de la Banque Nationale Suisse. Et plus en constante depuis le début d’année. Le banquier central a également précisé que la fed réduira plus lentement son volume d’actifs, les taux de 5,25 à 5,50% permettant de maintenir les prêts immobilier et automobiles, mais aussi ceux des cartes de crédit à leur plus haut niveau depuis 20 ans.  Ceci devrait pouvoir permettre de maitriser l’inflation, fut-ce au prix d’un peu de la croissance.

Le banquier central américain veut se laisser plus de temps. Mais se veut optimiste sur les risques de battre ces records de taux.  

Des gardes fous à risques

L’inflation un peu élevée aux Etats Unis (4% contre 2,6 % en Europe) est un sujet d’inquiétude pour le système bancaire, alors même que de l’autre coté du Pacifique, la Banque Nationale de Chine a diminué les réserves obligatoires des banques de détail et d’affaires, fragilisant l’un des gardes fous du système de réassurance des banques chinoises. Tout en injectant de nouvelles liquidités.

EUR CHF : la parité inaccessible.

Pour l’EUR CHF, en revanche, que l’on voyait déjà à la parité avant l’été, la conjoncture inflationniste est inversée : Les perspectives inflationnistes s’éloignent en Europe et la Banque Centrale Européenne prévoie un assouplissement de sa politique monétaire à l’horizon de juin. D’ou un moindre écart entre les taux d’intérêt suisses et européens qui freine la remontée de la paire de devise EUR CHF vers une parité plus incertaine. Les investisseurs préfèreront investir des fonds libellés dans une devise bien rémunérée par la banque centrale, 4% pour la BCE contre 1,5% pour les dépôts rémunérés en francs suisses. en francs suisses. Mais prennent en compte le risque de change.

Si la BNS ne baissait plus ses taux d’ici juin, voir, décidait de les maintenir au niveau actuel, alors que la BCE les abaissait, ce serait de fait un facteur déterminant pour le taux de change de la paire de devises qui maintiendrait l’EUR CHF loin de la parité. D’ici là, bien des évènements sont possibles. Mais cette semaine, les chiffres de l’inflation sont tombés en Suisse : 1,4%, contre 1 % attendus en moyenne au début de l’année par les économistes. Si cette tendance se confirme, cela rend peu probable un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la BNS, et une nouvelle hausse significative de l’EUR CHF. Investir en francs suisses pourrait devenir un peu plus attractif.

Il faut toutefois s’attendre à ce que la BNS ramène son taux directeur à 1% avant la fin de l’année car les chiffres de l’inflation d’avril, publiés hier par les statisticiens de la confédération ne sont pas si éloignés des prévisions originelles de l’institution. Ce sont les hausses importantes des loyers (2,8%) et de l’énergie (+5%), gaz mis à part, qui ont redonné ce coup de fouet à l’inflation en Suisse. Qui reste la plus faible de toutes celles des économies des pays influent sur les taux de change du frnc suisse et de l’euro. L’office Fédéral de la statistique statut pour avril sur une augmentation de 0,3% des prix à la consommation.

En résumé, les experts s’accordent à dire que les mauvais chiffres de l’inflation ont provoqué directement la chute de l’EUR CHF. Et quelle chute hier matin à la réouverture des places financières !

La semaine de l’EUR CHF

L’EUR CHF a entamé dans un marché volatile la semaine sur un taux de change de 0,9780 EUR CHF. Le 1er mai à 21h00, la paire de devise a atteint son plus haut de la semaine, à 0.9831 EUR CHF, puis a chuté lors de la publication des chiffres du chômage en Suisse. Les spécialistes s’attendaient à une nouvelle baisse des taux de la BNS en juin, mais ont vite déchanté lors des annonces des statisticiens. L’assouplissement qui devait porter sur 50 points de base devrait intervenir plus tard dans l’année si la conjoncture inflationniste le permet. Hier, à 8 heures, l’EUR CHF a entamé un plongeon qui l’a mené de 0.9822 EUR CHF, à 0.9750 EUR CHF, soit 70 pips de chute dans la matinée, et jusqu’en fin d’après-midi. Les données techniques et tous les calculs d’experts ne font pas le poids face à un évènement déterminant. Il faudra donc surveiller les chiffres mensuels de l’inflation pour savoir où nous mènera la paire de devise EUR CHF. A l’heure à laquelle nous écrivons ces lignes, l’EUR CHF vaut 0.9750 francs suisses pour un euro. Face au dollar américain, 0.9076 USD CHF. Le dollar qui était brièvement remonté à 0.9210 a donc perdu en toute logique 130 pips entre le 1er mai et aujourd’hui.

Valeurs de base et fondamentaux

Les marchés des valeurs mobilières ne sont toujours pas en grande forme depuis près d’un mois. On notera les performances et contre-performance de Tesla, qui surnage à la hausse malgré ses déconvenues. A la suite de quoi, Elon Musk a licencié 10% des effectifs de l’entreprise.  De 250 dollars américains fin décembre, le titre a touché le fond la semaine dernière à 142 USD, avant de remonter de manière spectaculaire au dessus de 190 dollars US, à coups d’annonces d’Elon Musk, et de rencontre avec les autorités chinoises. En Chine, ou le milliardaire a été reçu tel un chef d’état.

Les valeurs de la tech et de l’intelligence artificielle drainent toujours le marché vers le haut, mais plus fébrilement que l’année dernière. Ainsi, Nvidia qui a bondi de 3,3% suite à la publication de ses chiffres. Mais si le géant conserve son rôle de moteur boursier, d’autre moins géants annoncent des résultats très en deçà des attentes comme Advance Micro Device, -6%, et super micro computer, -11%, en raison de la mise en place d’une nouvelle ligne de serveurs très attendue qui ne s’est pas rendu assez rentable. Le second de ces deux géants du secteur des puces électroniques a affiché des résultat insolents l’an passé, avec 210% d’augmentation, en tête des leaders du marché des puces. 

Swiss Market Index

Le SMI en recul cette semaine voit quelques valeurs perdre jusqu’à 3% comme UBS et Roche. Mais c’est sur le mois que l’indice contre performe, UBS en tête, ou en queue, selon, avec -15% ! Suivi de Swiss RE AG, -10%. Seule valeur du SMI à tirer son épingle du jeu en avril, ABB, le fabricant de robots et de matériels électroniques a gagné 6% grâce à des contrats et des ventes, dont les résultats ont plu au marché.  Swisscom et logitech ont également annoncé des résultats au-dessus des attentes. Hier, l’action logitech profitait de l’annonce de ses résultats en hausse. Toutes ces sociètés exportatrices ont besoin d’un euro fort. Une hausse de l’EUR CHF serait une valeur d’ajustement bienvenue pour ces sociétés du secteur de l’export, hausse qu’avait évoqué Mr Jordan. On surveillera donc les chiffres de l’inflation du mois de mai.

Cotation du brent, brut en mer du nord.

Lors de notre dernière analyse, le pétrole flirtait avec les 90 dollars. Depuis, le recul de la demande et le niveau des réserves américaines ont fait chuter le cours de l’or noir au-dessous des 84 dollars avec une chute plus prononcée en milieu de semaine. D’après John Kiduff, spécialiste de ce secteur, la demande est insuffisante, particulièrement pour ce qui est de l’essence depuis un mois. En se basant sur le rapport de l’Agence Américaine d’Information sur l’Energie, il constate une tendance large à la baisse. Jusqu’à ce que les Etats-Unis décident de remplir à nouveau leurs stocks stratégiques. Ce qui aura un impact lors du passage à la pompe à essence. 

Or

Après une semaine de baisse, les prix de l’or ont un peu récupéré hier et aujourd’hui, et l’once franchissant à nouveau les 1300 dollars pour 31,10 grammes. Un kilo d’or pur vaut actuellement 66200 francs suisses, et un vreneli, pièces de 20 francs or s’échange 406 francs. Distançant cette semaine le napoléon, son cousin de caractéristiques équivalentes, qui ne cote lui, que 388 francs suisses. La demande aura été moins forte que l’offre cette semaine en France voisine. Le reste des cotations d’or de bourse se montrent assez stable, le prix du lingot demeurant très au-dessus de celui l’or digital, si vous nous permettez cette petite comparaison un peu barbare.  

Crypto monnaies

Un bitcoin est égal à 59300 dollars américains, soit 53850 francs suisses au cours de change de ce jour. La capitalisation totale du marché est descendue à 2,2 trillions de dollars, et l’ethereum, seconde capitalisation peine à repasser au-dessus des 3000 dollars. Les crypto-monnaies ont subi une forte baisse cette semaine due principalement à la mise en place d’ETF cette semaine en Asie, qui ont difficilement trouvé preneurs. Le bitcoin avait entamé la semaine sur une cotation de 64000 dollars (58000 francs suisses). Au vu du poids des ETF, sur les cours du marché, les crypto monnaies sont très intégrée au marché des changes et des actions/obligations. Leur sort auparavant inverse, est désormais lié. On a pu l’observer déjà lors de la crise du COVID, lorsque le Bitcoin était tombé à 5000 dollars, en plein effondrement boursier. 

Grandes échéances pour l’EUR CHF

Alors que le bitcoin a enfoncé un support sur les 60000 dollars, que les prix de l’énergie baissent, que les bourses font du surplace, l’inflation repart à la hausse. Ce mois de mai sera déterminant jusqu’aux grandes échéances du mois de juin. Rien n’est plus certain quant à la voie que prendra l’EUR CHF face à l’inflation et aux décisions des grandes banques centrales. Le franc Suisse a confirmé le mois dernier son statut de valeur refuge en temps de crise, ce qui ne rend pas service aux entreprises suisses à l’export, et n’arrange pas non plus les données du chômage, historiquement bas, toujours à ce jour. Mais jusqu’à quand ?

Si au début du mois dernier, la parité à l’horizon de juin semblait guetter l’EUR CHF, les évènements ont surpris les investisseurs qui ont patienté avant de convertir leurs francs en euros. 

Il reste donc un mois et demi avant les réunions des 3 plus influentes banques centrales, sur la paire EUR CHF, les 6, 12, et 20 juin prochains. D’ici là bien des éléments ne manqueront pas de survenir. L’équipe de la rédaction reste vigilante par rapport à l’actualité et ne manquera pas de vous informer. 

Week-end à Genève

Jusqu’à dimanche, vous pouvez profiter des derniers jours du festival du rire au théatre Pitoëff. Et pour les plus petits, un spectacle à poils et à plumes ou l’on nous promet de découvrir une troupe de canards incontrôlables qui rejoignent les poules et les chiens accompagnés au piano sur la scène du théâtre Am Stram Gram. Pour les plus téméraires et ceux qui sont dans les nuages, il reste également 3 places à l’heure à laquelle nous écrivons, sur save airline pour un cours de parapente demain matin au-dessus du Salève pour découvrir Genève et sa région depuis les airs. 

L’équipe de la rédaction de Ben S Solutions de Change vous souhaite un excellent week end et aura le plaisir de vous retrouver jeudi pour une nouvelle analyse de la paire EUR CHF. Jeudi 9 mai est férié, si jamais.

X.C.

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