Stable comme un franc suisse
Aujourd’hui, vendredi 01 septembre, alors que les grandes vacances sont derrière nous, météo Suisse a de bonnes nouvelles pour les amateurs de vitamine D. apparemment l’été n’est pas fini. Nous allons pouvoir ressortir les parasols.
Bonjour à tous.
La Banque Nationale Suisse également.
Car elle a atteint son objectif. La Suisse a passé la barre symbolique qu’elle s’était fixée, des 2 pourcents d’inflation, assurant ainsi la stabilité des prix en Suisse.
Une monnaie stable et solide, dans un pays stable, de quoi attirer de nouveaux capitaux, et assurer la pérennité de l’économie suisse ? et pourtant…
Si le franc suisse se maintient toujours dans une fourchette se situant entre 0.9500 et 0.9600 face à l’euro, les alertes des analystes au sujet du dollar ont fait long feu. Le billet vert s’est même renforcé face au franc Suisse et à l’euro. L’USD/CHF est à quelques pips à son niveau de la semaine dernière.
Faut-il croire les banques ?
L’euro contre franc suisse a repris une légère vigueur cette semaine mais reste dans cette même fourchette de taux de change interbancaire. Le spot, malgré quelques inflexions ne varie pas beaucoup. Plusieurs facteurs influeront sur la direction que prendra l’EUR/CHF dans les semaines et les mois qui viennent. Mais son objectif atteint, la BNS conservera-t-elle son taux directeur à 1.75% lors de sa réunion du 21 septembre ? Ou le portera-t-elle à 2% afin de pérenniser le résultat de ses efforts sous le seuil des 2% d’inflation (1.7% en juillet) ? portant l’euro chf vers les 0.9000, comme le pensent un nombre croissant d’analystes bancaires ?
La semaine de l’EUR/CHF
Elle s’achève, à l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes au taux de 0.9568 EUR/CHF.
Nous nous sommes quittés vendredi soir dernier avec un taux de change de 0.9550 EUR/CHF. A son cours le plus bas de la semaine, l’EUR/CHF s’échangeait à 0.9544, mardi 29 août à l’heure du goûter pour nos lecteurs les plus jeunes. Le cours de l’EUR/CHF a brièvement dépassé les 0.9600 EUR/CHF hier matin. Avant de regagner ses niveaux actuels autour des 0.9570, 0.9580 francs suisses pour un euro.
L’EUR/CHF était tombé brièvement il y a quelques jours à son niveau d’échange le plus bas depuis presque un an, avec un cours moyen de 0. 9510.francs suisses pour un euro. La publication de l’« indice des directeurs d’achat » en zone euro soulignant un emballement du recul de la croissance avait mis l’euro sous pression. S’il a pu se détacher de ces niveaux, il faut s’attendre à ce que les publications d’autres indicateurs affaiblissent son socle.
Quelques fondamentaux
Swiss Market Index
Parti sous le seuil des 11000 points, le SMI surplombe à présent les 11100 points. En matière de placements, composante prise en considération une fois seulement chaque trimestre dans les estimations, l’attrait pour les titres à dividende s’est fortement émoussé. Près de 40% des analystes considèrent que le Swiss Market Index (SMI), bien qu'en repli depuis le mois de mai lors duquel il évoluait vers les 11600 points, est actuellement surévalué, cela représente le double des opinions des analystes par rapport au mois dernier.
La Suisse a besoin de clients, et ceux-ci passent moins de commandes.
Le cours du baril de brut en mer du nord
Les cours du pétrole, loin de se contracter face à la conjoncture actuelle et aux chiffres en berne de l’économie chinoise, ont fortement progressé cette semaine. De 82 dollars le baril, le prix du brut a atteint 87 dollars, soit 6% d’augmentation. De quoi alimenter l’inflation et pénaliser les entreprises, notamment en Europe.
L'once d’or
La valorisation de l'or est quant à elle jugée à son niveau, selon la plupart des analystes. Les deux tiers d’entre eux estiment que l’or cote à sa juste valeur.
Les prix de l'or avaient glissé, du fait du renforcement du dollar et de la hausse des rendements des bons du Trésor américain.
L’or est parti cette semaine, de 1915, et atteint ce matin 1945 dollars l’once
Le Vreneli 20chf cotait ce matin 363 CHF, à égalité avec le napoléon français, tous deux en forte hausse.
BTC et consorts
Sur le marché des cryptomonnaies, le bitcoin est redescendu à 26000, après une pointe à 28000 cette semaine. Ces actifs restent toujours autant volatiles, sur une capitalisation de 1,05 trillions de dollars.
UBS fait la pluie et le beau temps
C’est la banque UBS qui tient le haut du pavé de l’actualité économique cette semaine.
Avec ses prévisions, sur l’euro et le franc suisse, ses résultats d’exploitation stratosphériques, et les 3000 et quelques licenciements qu’elle envisage pour la fin de l’année prochaine.
Dans la boule de cristal d’UBS :
C’est à 0.9700 EUR/CHF que les analystes d’UBS ont fixés leurs estimations pour la paire, et ce, jusqu’en fin 2024. Il s’agit bien sûr d’estimations de moyenne. Dans une note destinée à ses clients, UBS fixe cependant une fourchette de cours s’étiolant de 0.9500 à 1.0000 EUR/CHF. La banque met en avant le fort différentiel de rendement entre l’euro et le franc suisse pour expliquer la fin de la baisse de l’euro, dorénavant.
UBS recommande l’euro à l’achat dès lors que celui-ci atteindra le plancher de la fourchette de négociation.
Un salaire 243 fois plus élevé
A chacun la valeur de son travail ? L’entreprise qui détient le second record suisse juste derrière Roche, pour l’écart salarial entre le plus haut et le plus bas salaire, 243 fois plus, annonce des bénéfices records pour le deuxième trimestre. 25 milliards et demi de francs suisses de bénéfices, contre 2.3 l’année passée.
Il s’agit d’un gain exceptionnel et artificiel, dû à l’acquisition de Crédit Suisse, à un cout très inférieur à sa valeur réelle. A l’origine, UBS ne voulait pas acquérir la banque en sursis. Mais l’Etat ne lui a pas trop laissé le choix. La banque a précisé que ces résultats s’accompagneraient de 3000 licenciements.
3000 Banquiers sur le carreau
UBS compte donc supprimer 3000 emplois en Suisse, dans le cadre de la reprise des actifs de Crédit Suisse. Parmi ces derniers, 2000 postes ne seront tout simplement pas renouvelés du fait des départs à la retraite, des non-remplacements et des mouvements internes. Le contingent des 1000 autres en revanche, pourraient se solder par une vague de licenciements, en fonction des doublons, entre les deux banques.
Le début de la restructuration est prévu pour la fin de l’année prochaine. Rappelons qu’il s’agissait de l’une des plus anciennes banques suisses, qui avait fêté ses 167 ans l’année passée.
La banque continue à subir d’importantes fuites de capitaux au 2ème trimestre, pour 35 milliards, en baisse cependant comparé aux 54 milliards de francs suisses du 1er trimestre.
Ça fuit aussi en bourse
Nous avons vu que le SMI, l’indice boursier de Zürich, est en baisse sur les derniers mois. Les prévisions selon l’indice CS-CFA sont orientées à la baisse (source AGEFI). La communauté des analystes financiers voit la situation économique suisse se dégrader, sur fond de reprise d’une inflation. D’où le consensus en ce qui concerne la forte probabilité de voir la BNS porter ses taux de référence à 2% à la mi-septembre :
La dégradation de la conjoncture chinoise pourrait entrainer un ralentissement de la consommation au niveau mondial. Contrebalancée par les étonnantes données macroéconomiques Etats-Uniènnes. (Si vous me permettez cet écart de langage). Pourtant, le risque de voir les matières premières flamber est de plus en plus patent.
BRICS à Braque
En effet, les BRICS, désormais renforcés par des pays producteurs de matières premières, au premier rang desquelles, les matières énergétiques, vont à terme maitriser la totalité de la production mondiale de certaines d’entre elles. La « dedolarisation » du système financier international se fera quoi qu’il arrive puisque c’est la monnaie d’échange pour les hydrocarbures. (D’où les pétrodollars). Les pays des BRICS, et associés, contrôleront désormais la totalité de la production d’or noir, avec l’introduction de nouveaux membres l’année prochaine.
La Russie en tête, ils veulent se détacher du système mis en place par les pays occidentaux, et notamment du contrôle du dollar, comme nous en avions parlé dans notre précédente newsletter. Mais le processus prendra du temps. Les pays des BRICS ont des accords et des échanges commerciaux disparates, des niveaux de vie et des économies très diverses, et ne forment pas un bloc suffisamment homogène à ce jour. Le dollar américain a donc encore de beaux jours devant lui, et servira de devise d’échange incontournable pendant encore de nombreuses années.
Se débarrasser des pétrodollars, mais les francs suisses ?
Et on peut considérer que le franc suisse, lui restera dans le portefeuille de valeur de réserve des états, des grandes organisations institutionnelles, et des grandes fortunes.
Mais pour ce qui la concerne, la Suisse, actuellement, au vu de la stagnation des volumes d’exportation et la contraction des échanges internationaux, verra sa croissance en berne, (sans jeux de mots) à moyen terme. L’Europe, premier importateur de produits manufacturés en Suisse, ne remplit plus les carnets de commande.
Stabilité et inflation
Face à l’Europe et aux Etats Unis, seule la Suisse ressort pourtant avec un indice positif, mais en nette diminution face au risque inflationniste et aux remous actuels. Ce qui devrait néanmoins profiter au franc suisse par rapport à l’euro et au dollar. Il reste l’une des rares monnaies stables, quelle que soit la conjoncture, mais ne nous perdons pas en conjectures. Pourtant, ce qui pose un risque inflationniste, pour la Suisse, et pourrait avoir l’effet inverse pour la paire de devises euro franc suisse, reste l’inflation.
Si la Banque Nationale Suisse ne crie pas tout de suite victoire dans sa lutte contre l’inflation, c’est que la hausse des loyers helvétiques, et les hausses à venir dans les secteurs de la santé, de l’énergie et donc, des transports, pourraient gâcher la fête.
Hausse de taux à l’horizon
Alors que dans la plupart des pays, le taux d'inflation est attendu en baisse, un nombre croissant d'analystes s'attend à une tendance inverse en Suisse pour les six prochains mois, en raison des hausses des loyers et de celles annoncées dans la santé, la mobilité ou encore l'énergie.
D’où la forte probabilité de nouvelles hausses de taux directeurs de la BNS. Mais aussi de la BCE. Ce qui pourrait soutenir les cours du franc suisse et de l’euro face au dollar. Un temps tout du moins. Cela amène à un fort consensus d’experts pour affirmer comme c’est le cas chez UBS et Crédit Suisse, que la paire EUR/CHF se maintiendra à moyen terme entre 0.9000 EUR/CHF et la parité. C’est une plage assez large et trop imprécise qui limite le risque de se tromper.
UBS et Crédit Suisse ont fait des estimations dans ce sens.
La conséquence : les contrats de crédits accordés tant aux particuliers qu’aux entreprises s’effondrent avec pour conséquence un recul de la demande de biens et services. Il s’en suit un ralentissement des prix et un fort ralentissement de la croissance, qui inquiète de plus en plus d’économistes sur les perspectives d’avenir.
Conclusion :
Si le temps est au beau fixe, l’humeur des marchés est morose. La Suisse n’est plus totalement épargnée. Bien qu’elle se porte mieux que ses principaux partenaires, on peut noter çà et là les signes d’un essoufflement dans certains secteurs dont, nous l’avions vu, celui de la construction et du bâti.
Il reste illusoire de prétendre connaitre la tendance à long terme de l’évolution des monnaies les plus tradées chez Ben S. Solutions de Change, mais le consensus est à un franc suisse toujours très fort face à l’euro. Ce qui ne semble pas trop pénaliser les entreprises suisses qui souffrent plutôt de l’affaiblissement de la demande extérieure.
Nous nous retrouverons la semaine prochaine.
En attendant toute l’équipe rédactionnelle de Ben S solutions de Change vous souhaite un excellent week-end ensoleillé. Enfin !
X.C.