Les chiffres de la semaine
Nous nous sommes quittés vendredi dernier avec un EUR/CHF au taux de 0.9966.
La semaine 10 a commencé avec un cours d’ouverture à 0.9942, ce lundi 06 mars 2023. Avec un plus haut lundi à 06h15 à 0.9967, et un plus bas à 0.9825. La paire EUR/CHF, à l’heure à laquelle nous écrivons ces lignes, remonte vers les 0.9930 franc suisse pour un euro.
Un point sur les valeurs : le pétrole brut en mer du nord cote 81 dollars le baril, contre 86 la semaine dernière, soit une chute de 6%. Le dollar contre franc suisse cote 0.9272, et l’EUR/USD, 1.0585. L’once d’or à 1850 dollars en légère baisse, et pour les amateurs, le bitcoin, lui perd 2200 dollars à 19775 USD, contre 22000 USD il y a une semaine.
Grosse tempête bancaire en cours en Californie également, où la Silicon Valley Bank a secoué les marchés hier soir et ce matin, entrainant les valeurs bancaires à la baisse. Le NASDAQ, dans le sillage des valeurs technologiques décrochait de 2.00% ce matin.
CHF, une devise bien musclée
Chez nous, à 8000 km de là, le franc suisse affiche résolument sa force sur le marché des changes. Depuis plus d’un an.
Pourquoi cela ?
Notre franc suisse est une devise à part, avec un statut particulier. Il s’éloigne parfois des fondamentaux classiques. Le franc, au même titre que l’or, constitue souvent l’une des réserves, dans le portefeuille des états et des banques centrales.
Le taux d’inflation en Suisse est sous contrôle. Il représente la moitié du taux de celui des USA, et 40% comparé au taux d’inflation de la zone euro. Les taux d’intérêt suisses, bien inférieurs à ceux d’autres pays, ne font cependant pas mollir le franc suisse, face à l’euro et au dollar par exemple.
Pourtant, les taux directeurs des principales banques nationales sont actuellement :
- pour la Federal Reserve bank américaine de : 4.75%
- pour la Banque Centrale Européenne de 3% depuis le 8 février
- pour la Banque Nationale Suisse de : 1% ! après l’avoir maintenu à moins 0.75 depuis 7 ans !
Ce taux directeur devrait être rehaussé d’un demi-point le 23 mars, comme le laisse entendre Monsieur Jordan, le président de la Banque Nationale Suisse. Fixant le taux directeur de la banque nationale Suisse à 1.5%. Loin derrière les autres principales institutions similaires.
Comme la BCE et la FED, la BNS cherche à maitriser la croissance économique et le taux de chômage en Suisse. Mais avant tout, son objectif est le contrôle du marché des changes. La BNS intervient sur les marchés pour contrôler le taux de l’EUR CHF.
Souvenirs, souvenirs
On se souvient par exemple de la décision de la banque centrale Suisse d’abolir le PEG, le taux plancher à 1.20 EUR/CHF, le 15 janvier 2015, lorsque Mario Draghi, alors président de la BCE, avait annoncé le lancement du son Qantitative Easing, rachetant par tranches de 30 milliards d’euros mensuels les dettes européennes, et faisant plonger l’EUR/USD. Son but était de relancer l’inflation en Europe, et d’éviter la déflation, voire la stagflation.
Le taux avait alors bondi de 2500 pips, avec un plus bas à 0.9652 qui avait provoqué des embouteillages aux guichets des bureaux de change. Tout le personnel de Ben.S avait ce jour-là bien sué, et les euros devenaient rares à Genève. La BNS n’avait alors plus les moyens de maintenir son taux plancher, et avait été contrainte de suivre la BCE.
Où la force du franc trouve t-elle sa source,
et va-t-elle rester active ces prochains mois ? Un taux de change inférieur à 1.0000 EUR/CHF, si l’on considère l’histoire de l’EUR/CHF, c’est un franc extrêmement fort. Ces 15 dernières années, le taux de change de l’EUR/CHF se situait aux alentours des 1.20 à 1.30 EUR/CHF en moyenne.
Pour la banque des règlements internationaux, la banque centrale des banques centrales, le franc suisse est la 8 ème devise sur le marché des changes, avec 5% des transactions ! C’est considérable, si l’on considère la taille de l’économie suisse. Le franc occupe également depuis un an la seconde position dans le panel des devises les plus performantes.
Si l’on soustrait le taux d’inflation par rapport au taux directeur nominal, on obtient le taux « réel ».C’est le taux que les marchés considèrent.
Taux d’intéret réels et franc suisse
Les taux d’intérêts réels, sont supérieurs en Suisse, par rapport à ceux pratiqués au sein de la zone Euro. Ainsi, l'inflation est en suisse de 3.3%, avec un taux d’intérêt à 1%. En zone euro : 8,5% pour un taux d'intérêt à 3%. Pour obtenir le taux d’intérêt dit réel, il faut soustraire le taux d’inflation du taux d’intérêt et l’on constate que le taux d’intérêt réel au sein de la zone euro est deux fois plus négatif.
Voilà une première explication de la force du franc suisse par rapport à l’euro ou au dollar, par exemple. Le relèvement à 1.5% en fin de mois du taux directeur suisse est bien sûr à prendre en compte.
L’inflation en Suisse est importée.
En Suisse, il n’y a pas eu de politique d’aide aux consommateurs, pas eu les mêmes restrictions pendant la période covid…
Mais ce ne sont pas les seules raisons qui font la force actuelle du franc suisse. Si nous observons la tendance du CHF sur une courbe comparative, par rapport à un panier de devises représentatives, USD, JPY, EUR, GBP… on constate des particularités liées au franc Suisse. Comme ce fut le cas en 2010, lors de la crise de la dette souveraine, l’évolution du CHF n’était pas liée aux taux d’intérêts ou obligataires.
Si nous sommes actuellement dans une zone intéressante pour les investisseurs, la principale zone d’échange prometteuse se situe sur le franc contre dollar, avec un point d’achat intéressant pour le CHF : Avec un index, vers les 105,80 , 106… La majorité des volumes s’échangent sur l’USD/CHF.
Courbe d’ishimoku
Le système de calcul ishimoku met en avant dans les courbes d’évolution du franc suisse contre l'euro une résistance un peu supérieure : 0.95EUR/CHF pour chercher un point de vente, d’après les analystes d’UBS.
Pour le dollar contre franc suisse :
Le rapport Commitment of Traders du CFTC, régulateur américain des contrats futurs, nous fournit des informations intéressantes. Ces informations sur le site de la bourse de Chicago par exemple, montrent une courbe CHF/USD, de moins en moins négative. Il y a plus de positions short, que de positions longues, mais on observe une très nette réduction des positions courtes. Les traders sont de moins en moins vendeurs sur le CHF/USD. Les institutionnels ont considérablement réduits les positions short sur le CHF/USD. La position nette est toujours négative mais depuis octobre, ces derniers sont de moins en moins vendeurs. Les courbes montrent le niveau de support qui correspond à la résistance de l’USD/CHF - à ne pas confondre avec le CHF/USD. La tendance de la courbe du net positioning indique que le dollar/ franc suisse, entre 0.9500 et 0.9570 trouve une résistance correspondant à une stratégie de vente.
Pour l’EUR/CHF :
La BNS annonce généralement beaucoup moins de décisions de politiques monétaires que la BCE ou la FED. Elle suit la BCE qui elle-même réagit par rapport à la FED. La dernière intervention de la BNS a eu lieu le 15 décembre et la prochaine aura lieu fin mars. Il faut lire entre les lignes :« Nous sommes disposés à intervenir sur le marché des change. » La BNS ne laissera jamais l’EUR/CHF décrocher sous les 0.90 EUR/CHF, et probablement pas sous les 0.9500 EUR/CHF.
Influence de la Banque Nationale Suisse, sur l’Euro contre Franc suisse
La BNS a le pouvoir de freiner la baisse de l’EUR/CHF. L’EUR/CHF peut continuer sa lente glissade, car il est corrélé au cours de l’EUR/USD.
Cette l’une des rares banques centrales au monde à avoir un tel pouvoir à influer sur sa monnaie.
Le saviez-vous ?
Le capital-actions de la Banque nationale n’est que de 25 millions de francs suisses, divisé en 100 000 actions nominatives d’une valeur nominale de 250 francs suisses . Les actions sont entièrement libérées (art. 25, al. 1, LBN). Source SNB.
Tendances
Depuis le 23 septembre, l’EUR/USD est remonté. L’EUR/CHF a lui récupéré une résistance de 0.95 EUR/CHF, pour se fixer aux alentours de la parité. Si l’euro dollar reste au-dessus des 1.0300 EUR/USD, mécaniquement, il pourrait rebondir vers les 1.10 EUR/USD et entrainer derrière lui une tension de l’EUR/CHF a la hausse. Nous sommes dans une zone historique, sous la parité, au-delà de laquelle l’économie Suisse serait gravement impactée. La BNS suit cela de très près.
Sous la parité de l’EUR/CHF, le marché construit une base, soutenue par sa moyenne mobile à 30 semaines. On peut supposer que nous irons repasser la parité mais loin d’un rebond prévisible à terme sur l’euro dollar.
L’EUR/CHF atteindrait une moyenne mobile de 1.01 à 1.015 au maximum, car, cette année, le franc suisse confirme son aspect de valeur refuge. Même si c’est une petite monnaie par rapport aux grandes devises, elle affiche son statut parmi les réserves mondiales de devises. Dans le top 10.
En conclusion:
C’est pour ces raisons que la BNS est confiante, persuadée que l’inflation repassera sous les 2% en fin d’année, toujours disposée à intervenir sur le FOREX. Bien avant ses concurrentes. Sauf catastrophe géopolitique, les taux d’intérêts réels de la BNS pourraient retourner vers des niveaux positifs. La BNS est très confiante quant à la santé de l’économie Suisse, en 2023. D’après Vincent Ganne, économiste et trader, il faut s’attendre à une remontée de la paire, mais qui n’entrainera pas de remontée de l’EUR/CHF au-delà de 1.0150. Avec une moyenne d’évolution principale entre 0.9750 EUR/CHF et la parité. Ce qui est déjà historiquement exceptionnel.
X.C.