L’euro entrainera t’il le franc suisse dans sa chute ?
Dix jours après les élections américaines, et la victoire cinglante de Donald Trump, l’euro et l’Europe subissent clairement les répercussions de la politique américaine à venir. L’or suit dans une dégringolade spectaculaire. Les marchés semblent croire à court terme en le pouvoir et dans l’exécution des promesses du président élu de ramener la paix et la stabilité, de réduire les taxes des entreprises et de faire des coupes dans les budgets fédéraux. Comment se comporteront la Suisse d’une part, et le franc suisse d’autre part, face à une éventuelle récession sur le continent européen? On voit déjà les prémisses d’une réponse qui s’ébauchent.
Le coût de la pluie et du beau temps
Après un mois sous une chape de nuages, qui cachaient le soleil présent en revanche sur les cimes, les premières précipitations s’annoncent sur la région lémanique. Le ciel s’est dégagé. Mais les frimas de l’automne annoncent les premières neiges.
L’hiver arrive bientôt sur l’Europe, et la demande en énergie se paye d’abord en dollars américains, dont le taux de change se renforce avant même l’arrivée à la maison blanche du nouveau président, et de son ministre de l’efficacité budgétaire, Elon Musk.
Il en va de même pour l’Europe, et pour les restes de son leadership commercial en déliquescence, dont l’avenir économique, politique et géostratégique pose question. Quel avenir pour le continent, alors que les capitaux se détournent soudain vers d’autres cieux plus rentables ? Vers des valeurs digitales ou appuyées sur les promesses électorales du président Trump.
Franc suisse : Quel taux de change en 2025 ?
Quel avenir pour le franc suisse face à l’euro ou au dollar, alors que la monnaie unique perd du terrain face au billet vert depuis les élections américaines ? Les industries du vieux continent sont en grande difficulté, notamment dans le secteur automobile qui emploi des millions de salariés, avec le recul de Volkswagen Group en Allemagne qui va licencier à tour de bras, et de Stellantis en France dont des générations de moteurs défectueux risquent de couter cher au constructeur.
Pourtant hier, les places financières européennes ont momentanément inversé la tendance. En Europe, les indices sont remontés pour la première fois en 20 jours alors que les places financières américaines subissaient des prises de bénéfices.
Depuis ces 10 derniers jours, l’euro et le franc suisse reculent face au dollar, de manière hiératique pour l’euro, et très régulière pour le franc suisse.
Intervention de la BNS pour stabiliser le franc suisse
Change de francs suisses et de devises
Beaucoup d’experts sont persuadés que la Banque Nationale Suisse est intervenue afin de sauvegarder la stabilité du taux de change du franc suisse face à l’euro, et de le laisser suivre son décrochage face au dollar américain. Parmi d’autres devises étrangères, l’euro a surtout décroché face au dollar américain. Le yen japonais est retombé à un niveau très bas, la livre sterling ou les dollars canadiens, australiens et d’autres devises ont un peu moins reculé.
Tous les pouvoirs en main
Cette semaine, le futur président des Etats Unis a installé aux différents postes du gouvernement des responsables aux idées controversées, tout en savourant la conquête de la chambre des représentants, après la maison blanche et le sénat, et bien sur la cour suprême. Seule, la FED, échappe à son contrôle. Et est susceptible de à minima de ne pas les assouplir ses taux d’intérêts, voir, de les rehausser si la politique de Donald Trump a les effets que lui prêtent Jerome Powell et un grand nombre d’économistes qui craignent un retour en force de l’inflation. Pour l’heure, les données de l’inflations semblent concorder avec les possibilités de réduction des taux ce qui pourrait permettre de donner aux accès aux marchés à l’argent à bon marché. Cela relancerait la croissance et l’investissement.
EUR CHF : Baissera ? Baissera pas ?
Voilà qui plaide pour un ralentissement de la hausse actuelle du taux de change du dollar face au franc suisse, d’autant qu’Antoine Martin, vice-président de la BNS, vient de déclarer qu’une baisse des taux d’intérêts directeurs de l’institution suisse en fin d’année ne s’imposerait pas nécessairement, effectuant ainsi un virage à 180 degrés par rapport aux déclarations récentes des dirigeants de la banque Nationale. A l’inverse, les experts d’UBS envisagent 2 baisses de taux par la BNS, mi-décembre et en mars de l’année prochaine. Pour eux, ne pas assouplir la politique monétaire alors que l’inflation est inférieure à 1% créerait des conditions restrictives pour la croissance de l’économie suisse.
Taux de change et d’intérêts
Maxime Botteron, économiste Sénior chez CS UBS estime que maintenir le niveau actuel des taux alors que les autres banques centrales abaissent les leurs, provoquerait des pressions haussières sur le franc suisse et briderait la compétitivité suisse. Pour lui et son équipe, la BNS n’aurait pas nécessité à intervenir sur les marchés des changes car elle dispose d’une marge suffisante pour maitriser les cours de change du franc suisse, sans avoir à convertir une partie de ses réserves de change.
Réponse le 12 décembre …
Le point de vue d’UBS
Les experts d’UBS soulignent le rôle de l’équilibre des risques. La politique du nouveau président, la résolution ou non des conflits et les réactions possibles, le risque d’effondrement de l’Ukraine et d’élargissement du conflit à l’est, et éventuellement au proche orient, ou encore les conséquences du soutien de l’état chinois à son économie sont autant de facteurs qui pourraient orienter les prises de décisions de la BNS, et la pousser à maintenir les taux actuels. Une récession en Europe la contraindrait au contraire à conserver un franc suisse faible avec des taux proches de zéro pour y parvenir. Ces experts penchent pour ce dernier scénario, et vont même jusqu’à évoquer un taux négatif et l’utilisation des réserves de change de la BNS en cas de grave récession en Europe, afin de maitriser le taux de change du franc suisse et de l’empêcher de s’apprécier excessivement face aux principales devises étrangères.
Perspectives de baisse pour l’EUR CHF
Comme beaucoup d’experts, l’équipe de Monsieur Botteron considère que le franc suisse continuera à progresser face à l’euro, et finalement face au dollar qui, une fois la fièvre passée, devrait subir le contre coup des politiques budgétaire déficitaires à venir sous la présidence de Donald Trump. Et parce qu’un dollar plus faible, ce sont des importations moins couteuses, moins d’inflation importée, et desexportations moins compétitives, il évoque une bisse de croissance… La BNS aura fort à faire.
USD CHF à 0,8000 ? Vraiment ?
UBS s’attend à un cours de change de l’USD CHF à 0.80 USD CHF dans un an.
Le point de vue de BofA
Pour Banque of America Securities GR au contraire, le franc Suisse a vocation à perdre du terrain face aux principales devises. La volatilité, qui exacerbait le « carry trade », poussant des financiers à se servir du faible cout d’emprunt du franc suisse pour se procurer des actifs à fort rendement, disparait peu à peu avec l’emballement récent des marchés.
En 2024, le franc suisse est resté étonnamment stable face au dollar, jusqu’à l’élection. On observe une compression de 4% depuis le début de l’année malgré une instabilité géopolitique. Selon les experts de BofA, la politique de la BNS a permis au franc suisse de limiter ses performances sur cette fin d’année, malgré son rôle naturel grâce auquel il sert de devise de couverture contre les risques, géopolitiques notamment. En juin avec la crise politique en France, et le 5 aout lors du mini krach de Tokyo, cette particularité s’est vérifiée.
Plus besoin de filet
Les élections passées sans accros, le franc suisse n’a plus ce rôle et pourrait donc rejoindre la parité ou s’en rapprocher d’après ces experts qui estiment que la BNS abaissera ses taux en fin d’année pour faire baisser le REER (taux de change effectif réel entre devises). BofA souligne toutefois le risque géopolitique important en Europe.
La semaine de l’EUR CHF
EUR CHF
La plupart des analystes s’accordaient à dire que le dollar se renforcerait dans un premier temps, avant de reculer lorsque les politiques de Donald Trump provoqueraient des déficits. Tout dépendra aussi de la politique monétaire de la FED mais pour l’heure, l’euro et le franc suisse reculent face au dollar depuis 10 jours. L’euro surtout qui entraine le franc suisse dans sa chute, de manière élastique ce qui nous donne à penser, tout comme Mr Fürbringer de chez Weschlst. que la BNS intervient en faveur de l’EUR CHF, et du dollar. Nous pourrons constater en fin de mois ou en sont ses réserves de devises étrangères.
L’EUR CHF que nous avions quitté à 0.9390 EUR CHF a entamé la semaine à ce niveau sur un cours de change interbancaire de 0.9392 EUR CHF. Mercredi à 15h00, à l’annonce des résultats de l’inflation, le taux a cassé un support 0.9350 EUR CHF, touchant même 0.9343 EUR CHF. Bien qu’entrainé à la baisse par l’euro face au dollar, le franc suisse semble rattraper la monnaie unique à chaque variation importante de cours de change, et se fixer sous un cours de change pivot à 0.9400 EUR CHF.
A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, le cours de change de l’EUR CHF se situe à 0.9390 EUR CHF.
USD CHF
C’est une progression très régulière et facile à prévoir que l’on peut observer cette semaine. Parti de 0.8786 USD CHF, le billet vert (et bleu) que nous avions laissé à 0.8717 USD CHF avant le week-end dernier, a atteint 0.8911 USD CHF hier au soir.
Un dollar cote actuellement 0.8877 USD CHF, et si l’on fait la moyenne des cours de la semaine on observe cette montée régulière. A présent, la tendance s’inverse.
Principaux marchés et commodités
L’effet Trump/Musk, que les experts ont surnommé le « Trump trade » et qui a produit des poussées de fièvre sur les marchés américains et des records sur les places financières ces derniers jours s’est à présent lui aussi inversé.
Les investisseurs sont globalement déçus des annonces de Jerome Powell, le patron de la FED qui estime que la vigueur de l’économie américaine ne nécessite plus autant de baisses des taux d’intérêts par rapport à ce qui était attendu. Le patron de la FED a refroidi les marché américains. Le spectre de l’inflation a fait son retour en octobre. Le marché obligataire qui avait anticipé cette situation n’a presque pas réagi à l’annonce. Le bond à 10 ans se négocie à 4,50% actuellement.
Parmi les stars
Sur un plan moins macro-économique, Tesla et plusieurs marques automobiles n’ont pas digéré l’annonce de la suppression par l’état fédéral, de l’aide de 7500 dollars (6600 francs suisse). Tesla a cédé 6% après ses gains formidables des derniers jours. L’alliance d’Elon Musk et Donald Trump n’a pas préservé les intérêts de Tesla sur cette décision. De là à brouiller Donald avec oncle Picsou, il y a loin.
Cependant, les analystes des groupes BNP et Société Générale estiment que le FOMO (fear of missing out) la crainte de rater une bonne affaire, devrait revenir en force alors même que beaucoup d’experts considèrent les titres et valeurs américaines surcotés. Dans une étude comparant les places boursières américaines et européennes, Bloomberg souligne l’écart extrême qui sépare la progression des deux continents, et qui annonce ce que sera l’ambiance pour les quatre années à venir. Les titres des sociétés américaine rapportent en moyenne 65% de prime, par rapport à leurs homologues européens à ce jour.
Journée des 3 sorcières
C’est aujourd’hui la journée des 3 sorcières, 3ème vendredi du mois, et de nombreux produits dérivés arrivent à expiration à l’exception des contrats à terme sur action dont les échéances sont trimestrielles. Il faut s’attendre à de gros volumes de transactions alors que les places européennes sont en recul.
SMI
Le rouge domine, Swisscom et Alcon ont pris une claque cette semaine et ce mois-ci : Alcon perd 6% sur la semaine.
Signalons la prise d’un marché par Kühne und Nagel acquiert l’américain IMC Logistics, renforçant et rentabilisant considérablement sa position aux Etats Unis. C’est d’actualité
Le SMI a perdu 100 point dans la semaine à 11710 points à cette heure.
Valeurs pétrolières
Les cours du brut, brent en mer du nord que nous avions laissé à 74,50 dollars sont en net recul du fait d’une offre abondante, des craintes de recul de la demande, assortie à l’interdiction prochaine des véhicules thermiques par l’UE. Plusieurs pays de l’UE, toutefois, dont la France et l’Italie, s’opposent à cette mesure qui met en danger leurs industries automobiles et la volonté des consommateurs. Car il n’y a pas pour l’instant d’alternative comparable. De plus, la baisse des cours du pétrole reste pondéré par la volonté du futur gouvernement américain de privilégier la production et la consommation d’hydrocarbures.
Le cours actuel d’un baril de brent à Londres est de 71,50 dollars. Le WTI américain coute 67,70 dollars. Gageons que votre prochain plein vous coutera moins cher.
OR
LE grand perdant des élections est le métal jaune. De 2780 dollars l’once avant l’élection, l’once d’or cote aujourd’hui 2567 dollars, en baisse quasi constante depuis le 5 novembre. Le vreneli et le napoléon cotent 425 francs chacun, et le lingot d’un kilo ne vaut plus que 73300 francs suisses.
Le kilo d’or pur et « l’unité » d’or digital se sont croisés : Le bitcoin vaut à nouveau bien plus que le kilo d’or. Plus rien n’attise les craintes des marchés à ce jour. L’effet Trump les rassure.
Cryptomonnaies
Et le grand gagnant de ces élections est ?
Le bitcoin ! Il y a un mois, un bitcoin valait 67000 dollars. 76800 la semaine dernière. Cette semaine, l’or digital a touché 93000 dollars ! convertis en francs suisses, cela donne 82560 francs suisses ! Le bitcoin s’est toutefois replié à 89400 dollars. 79300 francs suisses au cours de change d’aujourd’hui. 6000 francs de plus qu’un lingot d’or. La capitalisation totale du marché des cryptomonnaies à franchi les 3 trillions de dollars, (3000 milliards) soit l’équivalent de toutes les coupures en dollars et en euros en circulation dans le monde. Le bitcoin à lui tout seul sera bientôt aussi valorisé que le géant Google.
Notons la performance de XRP : Le ripple est porté par un assouplissement réglementaire à la tête de la SEC avec le départ d’un directeur qui bridait l’utilisation par les établissements bancaires de cette crypto monnaie.
Pour conclure
On note donc ces derniers jours un accroissement de l’écart des performances entre les places financières américaines et les autres. Certains marchés européens en ont fait les frais. Les crypto monnaies et les valeurs technologiques s’envolent, +1000 milliards pour les cryptos. Tandis que l’or et une partie du vieux continent s’effondrent. Trump promet des barrières douanières difficilement franchissables, surtout face à la Chine, et d’autres murs, ailleurs…
Et l’inflation pourrait faire son retour. Avec son cortège de conséquences. Mais aussi une embellie contagieuse des marchés américains. Les experts sont partagés entre les bénéfices et les inconvénients de cette politique
A faire à Genève et alentours ce week-end ?
Si vous vous sentez d’humeur guerrière, le salon militaria vous attend aux automnales, avec le déstockage annuel de l’armée suisse, ainsi que les bateaux luxueux de la marina, passion foot et bien d’autres choses encore que vous trouverez pour ce dernier week-end des Automnales à Palexpo, à côté de l’aéroport.
Pour en prendre plein les yeux, le Musée d’art et d’histoire de Genève s’illumine côté rue Charles Galland : Chaque soir jusqu’à dimanche, à 18h30, 19h30 et 20h30, pendant 20mns, en musique. Le spectacle fait voyager dans des symétries de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Au rythme de musiques féériques.
Mais assez déblatéré : Nous vous laissons le découvrir par vous-même.
Bien pacifique et bucolique également, les 17 novembre et 8 décembre, la ville d’Annecy organise un recensement des oiseaux du lac qui vous permettra d’apprendre à connaitre la faune ornithologique. Rendez-vous de 8h à midi avec la ligue pour la protection des oiseaux. Inscription obligatoire : [email protected]
Pour les amateurs de Handball, Chamonix rencontrera Tremblay en France à Chambéry ce week-end
Il est temps pour l’équipe de la rédaction de Ben S Solution de Change de vous souhaiter un excellent week-end. Profitez bien de ces dernier jours ensoleillés. Nous nous retrouverons la semaine prochaine pour une nouvelle analyse de la paire EUR CHF.
X.C.