L’EUR CHF tient ses promesses ?

D’amour et de barbecue

    Les moins frileux d’entre nous pourront profiter d’un barbecue ce dimanche, pendant que d’autres suivront peut-être certaines des activités que nous avons sélectionnées pour vous en fin d’analyse, dans et autours de Genève. Nous espérons que vous avez passé une belle saint Valentin, qui ne s’est pas terminée comme celle de Montoya (Montoya Montoya por favor pour rester dans l’actualité des réseaux sociaux.) L’actualité économique est riche cette semaine, et les experts sont partagé sur la tendance à long terme pour les cours de change du franc suisse. Un consensus se dégage au sein du secteur bancaire qui verrait les taux de change du franc suisse progresser cette année. Les inconnues ne manquent pas au premier rang desquels les inflexions et les effets des politiques américaines sur la macroéconomie.

Opinion d’experts sur l’EUR CHF

     Les analystes de la Banque Pictet ont établi les perspectives macroéconomiques de l’économie suisse pour l’année 2025. Les cours de change du franc suisse comptent pour beaucoup dans le tableau en demi-teinte de la banque. Les experts de Pictet ne sont pas très positifs à long terme sur l’environnement et les partenaires de la Suisse. Le premier client de la Suisse sont néanmoins les Etats Unis. La hausse des tarifs douaniers est susceptible d’avoir un impact conjugué à la vigueur des taux de change du franc suisse qui pèse sur le secteur manufacturier.

    Toujours selon Pictet, la demande intérieure soutiendra la croissance, que les experts estiment à 1,4% en 2025, en progression de 0,3% par rapport à 2024. Les partenaires commerciaux de la Suisse, Etats Unis mis à part, montrent une faiblesse persistante, ponctuée par les cours encourageants de leurs actions qui laissent espérer une reprise. L’incertitude pèse sur les prospectives du fait de politiques commerciales changeantes, et de la vigueur du franc suisse face aux principales devises étrangères. Majoritairement orientée vers l’exportation de biens de haute technicité, l’économie suisse souffrira des tensions commerciales croissantes, du protectionnisme et d’un franc suisse fort.

    D’où selon la banque, des baisses de 0,25% par la Banque Nationale suisse à chacune de ses réunions à venir. Une baisse ou un maintient des cours de change du franc suisse s’en suivront, selon la conjoncture internationale. Les traders pourront miser sur ces évènements pour investir sur des positions longues ou courtes, sur la conversion du franc suisse en euros par exemple.  

    Les rendements souverains de la Suisse, compte tenu des déclarations des dirigeants de la BNS risquent de mener les emprunts d’état suisses à 10 ans dans le négatif avant de remonter. Heureusement, la performance de cet actif est plus issue des rendements obligataires que du portage prisé par les acteurs des méthodes de carry trade.

Et pour l’EUR CHF selon Pictet :

    La banque Pictet prévoit par ailleurs une baisse de l’EUR CHF jusqu’à un cours de change de à 0,9100 EUR CHF, et une hausse de l’USD CHF dont le taux de change atteindrait 0,9000 USD CHF. Les analystes citent deux facteurs opposés dans le calcul de ces processus, que sont les risques d’intervention sur les marchés des changes, et l’exposition dangereuse de l’économie suisse au protectionnisme américain.

    Tout comme les cours de change d’un franc suisse, valeur refuge, la banque voit les secteurs de la santé, et d’autres secteurs d’excellence, représenter pareillement des actifs refuge, et permettre au SMI de progresser de 6% d’ici décembre. C’est pourquoi malgré un positionnement neutre pour la Suisse dans leurs prévisions, les experts de Pictet estiment que le SMI pourrait surperformer en cas de récession surprise de l’économie mondiale en 2025. Le franc suisse n’obtiendrait que des gains limités, son cours de change étant bridé par des vents contraires.

Au chapitre de l’actualité   

    Le président Trump, après l’entrevue et les pourparlers qui ont eu lieu en Arabie Saoudite avec la délégation russe, a conclu sa lune de miel avec Vladimir Poutine en déclarant que Volodimir Zelensky, le président ukrainien était un dictateur corrompu qui portait la responsabilité de la guerre en Ukraine. Celui-ci avait opposé une fin de non-recevoir à la demande du président américain qui estime que l’Ukraine doit rembourser les 300 milliards de dollars américains d’aide militaire en cédant les dernières terres rares qu’elle détient aux Etats-Unis. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour relancer les craintes des investisseurs et renforcer les valeurs refuge, dont l’or et le franc suisse. Les déclarations des patrons de la FED ont également pesé sur les cours de change du franc suisse face au dollar américain. Les européens se retrouvent seuls, obligés de repenser la défense du continent. Les budgets militaires devraient être porté vers un pourcentage de leurs PIB 2 fois plus important, à l’heure ou l’instabilité politique et économique des états désunis d’Europe donne l’image d’une cacophonie. Pourtant, les financiers se rabattent cette semaine vers les bourses européennes, les valeurs de l’IA américaine semblants en panne, supplantée par les chinoises.

Le cours du franc suisse sous influence

La FED, réuni mercredi a souligné son inquiétude face aux barrières douanières et a évoqué le maintien de taux d’intérêt élevés. La banque fédérale américaine attend de voir les résultats de la politique de D. Trump sur l’inflation et l’économie américaine. Après une pause mercredi, les places financières ont repris leur ascension car l’argent se moque des conditions de la paix, pourvu qu’elle se produise. Le franc suisse, lui, malgré les hausses des places financières a progressé dans son carcan, à un cours de change compris entre 0,9400 EUR CHF et 0.9500 EUR CHF. Les taux de change de l’USD CHF sont moins stables, au gré du locataire de la maison blanche.

La politique américaine semble donc, pour le moment, orienter les cours des actions et obligations, et influer sur les cours de change des principales monnaies.

La semaine de l’EUR CHF

EUR CHF

    L’EUR CHF est stable, et comme restreint dans un carcan compris entre 0,9380 EUR CHF et 0,9510 EUR CHF. Et ce depuis plusieurs semaines. Un carcan qui se situe tout de même 100 pips plus haut qu’en début janvier comme nous le présentions dans notre analyse du 17 janvier : https://bens-digital-change.com/fr/analyse-hebdomadaire/leur-chf-dans-un-carcan

    Nous avons entamé la semaine sur un cours de change de l’EUR CHF à 0,9450 EUR CHF. La paire de devises a atteint son taux le plus bas hebdomadaire hier matin, à 0,9410 EUR CHF, avant de rebondir, depuis, de quelques pips… L’action de la BNS en décembre a permis selon ses dirigeants de ne pas avoir à recourir à des achats massifs de devises étrangères pour maintenir les cours de change du franc suisse dans des limites supportables pour la compétitivité des exportations suisses. Le trading range oscille donc dans la même fourchette que la semaine passée. Les élections de dimanche en Allemagne ne devraient pas avoir d’influence sur ce cours de change et il n’y a pas de réunion de politique monétaire de banque centrale à venir dans l’immédiat. La question ne se pose donc pas de réfléchir au moment adéquat pour convertir des euros en francs suisses. Si vous désirez convertir des espèces, vous avez toujours la possibilité de réserver votre taux de change pendant deux heures avec l’application Ben S Shop Change pour optimiser votre opération de change avant de passer au guichet :  http://www.bens-shop-change.ch/

     Actuellement, le taux de change interbancaire pour des transactions en millions et milliards de dollars entre banques se situe à 0,9416 EUR CHF.

 USD CHF

    Face au dollar, les cours de change du franc suisse sont plus erratiques. La première séance de la semaine avait débuté sur des cotations tournants autours de 0.9000 USD CHF. Mercredi, la paire de devises a heurté une résistance à 0,9055 USD CHF et dans l’ambiance boursière, s’est repliée au profit du dollar. A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, le taux de change du dollar contre franc suisse se négocie aux alentours de 0.8994 USD CHF. Le billet vert faibli.  Le dollar perds également du terrain face à l’euro, avec un taux de change de 1,0469 EUR USD.

Marchés et commodités

    Les investisseurs sont longs sur les actions, et cours sur tout le reste ou presque. En d’autres termes, par rapport à la pratique raisonnable habituelle et à ce qu’enseignent les ouvrages en ce domaine, ils sont surexposés sur les actions dans lesquelles ils ont investi la grande majorité de leurs réserves de liquidités. Les experts estiment qu’il ne leur reste que 3,5% de liquidités en moyenne.  Du jamais vu depuis la crise des subprimes en 2008. Pourtant, malgré l’engouement pour les titres consacrés à  l’IA,  ceux-ci connaissent le plus important désengagement depuis 3 ans. Ils se reportent sur des valeurs telles que l’industrie pharmaceutique, l’immobilier ou les utilités. Et bientôt sur le franc suisse ?

    En Chine, au contraire, l’IA apporte la reprise que les plans de relance du gouvernement chinois ne parvenait pas à initier. Ali Baba, l’Amazone chinois a gagné 60% depuis le début d’année. Le géant suscite l’enthousiasme en prétendant développer la plus formidable IA du marché. Le Hang Seng de Hong Kong progresse actuellement de 4% ! suite aux déclarations du patron d’Ali Baba.

    Les places financières européennes sont dopées par les promesses de paix et l’ambiance économique initiée depuis les Etats Unis. Les guest stars sont allemande, et le resteront probablement après les élections de dimanche dont les conservateurs sont donnés gagnants.

    Les bourses européennes, après neuf séances de hausse, deviennent prudentes ce matin.

De nombreux indicateurs PMI sont attendus aujourd’hui.   

L’Euro stoxx 50 a connu 27 séances de hausse sur 35 depuis le début d’année. L’indice rassemble les plus grosses entreprises du continent. Les secteurs bancaires, pharmaceutiques et industriels en tête, ont vu leur valeur s’envoler cette année. La nouvelle star du continent est Rheinmetall. Le groupe de défense bénéficie de l’augmentation des commandes générées par l’accélération des budgets militaires de l’Allemagne et sa capitalisation est proche de celle de Deutsche Bank. Le titre a bondi de 14% mercredi et entrainé le DAX qui prenait 1,3% mais les a partiellement reperdus depuis. Signalons que la performance du titre Rheinmetall, depuis fin 2024, dépasse les +50% ! Celle de l’indice DAX fait le triple de celle du S&P500 avec presque 15% de hausse depuis le début d’année, ce qui place l’indice allemand au premier rang de la rentabilité boursière. Cela dans un pays censé être entré en récession, sans croissance, en proie aux incertitudes sur ses exportations face à la nouvelle politique douanière américaine et miné par une instabilité politique qui s’achèvera peut-être ce week-end à l’issue des élections.  

    A signaler, ST Microelectronics en France qui prend 15% sur la semaine, à 24,90 francs suisse, le groupe français Carrefour qui dévisse de 8,8% hier suite à la présentation de perspectives décevantes, mais le groupe a mis en place un plan d’économies pour soutenir de nouveaux investissements dans la compétitivité. Toujours en France pour finir, Renault recule de 5% sur la semaine. On connait les difficultés que traverse le secteur automobile.

SMI

Il y a peu à signaler cette semaine à Zürich, si ce n’est la hausse du résultat d’exploitation pour 2024 du groupe Zürich LTD justement

    Swiss Steel, le spécialiste des aciers à haute valeur ajouté est l’exemple type des industrie suisses mises en difficulté par le recul de la demande européenne. L’industriel s’est vu forcé cette semaine de quitter la place financière après un plan de licenciements, et un capital flottant en berne.  L’entreprise a perdu 20% de son volume de ventes face à la faiblesse de la demande européenne dans les secteurs de l’automobile, en grande difficulté sur tout le continent européen.

    Sur le SMI, pas de grandes variations notables. Une seule gamelle, Sonova qui perd 4,5% sur la semaine, mal noté par les analystes de plusieurs agences de notation. L’indice de la place financière de Zürich a gagné quelques points sur la semaine et tourne ce matin autour de 12900 points.