Euro : Un petit quart, et ça repart
Le franc suisse a à peine vacillé, à l’annonce de la décision de la Banque Centrale Européenne, de relever ses taux d’intérêt directeurs.
Le dollar a lui en revanche subit un léger recul face à l’euro.
Des taux et des rachats d’euros.
Lundi, à l’aube, à 2 jours de la décision de la FED, de ne pas toucher à ses taux directeurs, l’euro est passé de 0.9708 EUR/CHF, à un taux de 0.9787. en fin d’après-midi. 80 pips de chute dû entre autres aux rumeurs d’annonces de la BCE qui aurait pu se montrer plus ferme. Elle ne l’a pas fait. 0.25 points de hausse, c’est comme une pause, pour Christine Lagarde, la présidente de la banque centrale européenne.
La semaine de l’EUR/CHF
L’EUR/CHF était à son plus bas au début de cette semaine. Lundi peu après l’heure du thé pour certains, ou du café, du chocolat ou des céréales pour d’autres, le franc suisse attaquait la semaine dès potron minet, sur un cours de change de 0.9707 EUR/CHF. Quelques heures plus tard, l’euro avait récupéré 80 pips, à 0.9783. Mais ce n’est que le lendemain qu’il a touché son plus haut hebdomadaire, à 0.9786. Depuis, malgré une hausse mercredi, vers les 0.9730, conséquente à l’annonce attendu de la Réserve Fédérale Américaine sur ses taux d’intérêts, l’EUR/CHF est resté ancré sur une résistance autour de 0.9760. Le taux de change de l’euro est désormais 50 pips plus cher que la semaine passée.
A l’heure à laquelle nous publions ces lignes, l’EUR/CHF se situe vers 0.9767 EUR/CHF. L’inflation recule et ralentit partout, mais le franc suisse a perdu un demi pourcent. Il reste très fort si l’on prend du recul sur les 20 dernières années.
Cette semaine, la semaine des annonces des banques centrales, qui devait être mouvementée sur les marchés, n’amène que des surprises prévues qui n’en sont pas. La FED et la BCE se sont conformées aux prévisions des analystes et aux attentes des marchés. Seule la banque centrale chinoise a soutenu sa monnaie et son marché intérieur, immobilier notamment, en abaissant ses taux et en injectant des milliards. La reprise est à ce prix. Le marché immobilier chinois, qui couve le ferment d’une crise équivalente à celle des subprimes. Il avait bien besoin d’un second souffle.
Le point sur les marchés
Le SMI
Commençons par le Swiss Market Index. L’indice boursier de Zürich qui conserve les 11300 points, après une surprise baissière en milieu de semaine, se reprend avant un beau week-end. L’ambiance n’est cependant pas au beau fixe, contrairement au temps et contrairement aux autres marchés européens et américains qui ne cessent de voir progresser leurs indices en moyenne de semaines en semaines depuis le début de l’année. Le CAC 40 et le DOW Jones, par exemple, ont bien progressés sur ces six derniers mois, la crise bancaire de mars n’ayant que brièvement stoppé leur progression. La fin de semaine voit globalement les indices des bourses remonter.
Brent, cours du pétrole brut en mer du nord
Le cours du brut qui a entamé la semaine sur les 72,50 dollars, termine en hausse à 75.50 USD le baril, profitons-en pour relayer la présentation que nous a fait cette semaine, l’ONERA, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales, qui a présenté le Gullhyver. Un projet réaliste étonnant d’avion à hydrogène, à l’approche du salon aéronautique du Bourget. Plusieurs modèles d’appareils à hydrogène doivent y faire leur apparition. L’hydrogène, commence à prendre son envol et les prix d’exploitation seront bientôt moins élevés que ceux des énergies fossiles. Pour les amateurs de rêve et de réalité aériennes, je vous insère ces petits liens (que les autres veuillent bien me pardonner cet encart) :
- https://www.usinenouvelle.com/article/gullyver.N2142932
- https://www.france-hydrogene.org/kona-un-avion-cargo-autonome-a-propulsion-hydrogene-electrique/?cn-reloaded=1
Ne manquent plus que les essais, la certification, et les symboles de la compagnie aérienne pour entamer les vacances d’été par un vol peu ou non polluant vers des destinations exotiques. Le premier vol d’un avion commercial a tout de même eu lieu en janvier dernier donc il ne s’agit plus de rêve mais probablement d’avenir .
L’Once d’or
L’once d’or, qui cotait 1960 dollars la semaine dernière recule de 10 points, à 1950 dollars, ce qui amène le Vreneli, la pièce d’or de 20 CHF à un cours de 346 CHF, pour une fois à égalité avec son cousin français dit, Napoléon 20 francs. Encore 1.5% de baisse, cette baisse régulière depuis quelques semaines.
L’Or digital
A 25500 USD, soit 22700 francs suisses au taux du jour, le Bitcoin recule de 1000 dollars. 1000$ en moins d’une semaine, et 1200 depuis notre dernière publication. Mais nous connaissons les capacités de rebonds de la monnaie digitale. En conséquence, le volume global du marché des crypto monnaies se rapproche d’un trillion de dollars, avec 1036 milliards de capitalisation. On notera la baisse de l’Etherium, deuxième capitalisation historique de ce marché, de 9% cette semaine.
Cette semaine est donc la semaine des annonces des décisions des banques centrales européennes et américaines sur la continuité de leurs taux d’intérêts, avant celle très attendue chez nous, de la Banque Nationale Suisse.
EUR/USD
L’euro a donc regagné (un peu) face au dollar, par voie de conséquence, alors que comme l’attendaient les marchés, la BCE a remonté ses taux d’intérêt directeurs d’un quart de point. La FED avait la veille conservée les siens au même niveau, pour envoyer un signal fort et détendre les nerfs des investisseurs. On en attendait pas moins d’elle. Toutes les banques centrales courent après le taux « magique », de 2% d’inflation, mais si leur objectif est plus ou moins identique, elles n’ont pas toutes à combattre la hausse des prix au même niveau.
Distribution des cartes : Je pense donc je Suisse ?
Et c’est la Suisse qui se situe en tête, avec une inflation de seulement 2.6%, contre 5.7% en moyenne en Europe. Ce qui explique très partiellement la vigueur du taux de change du franc suisse. La cellule DATA de la RTS compare en temps réel l’évolution de votre ticket de caisse côté suisse. Si notre inflation globale court autour de 2.6%, celle des denrées alimentaires est en surchauffe, avec des augmentations disparates. RTS nous signale entre autres une progression de 40% sur le sucre. Bonne ou mauvaise nouvelle pour les dentistes ? 1 litre de coca cola coûte 10% de plus qu’il y a un an. Si vous désirez vous amuser à comparer les prix actuels à ceux de l’année dernières, voici un lien. Vous pourrez sélectionner les articles en bas de page pour les ajouter sur le ticket comparatif. Nous avons trouvé l’exercice amusant. Bonnes courses si jamais.
Pas étonnant que de nombreux suisses cherchent à diminuer la facture des produits de première nécessité en passant par nos bureaux de change pour aller faire quelques courses de l’autre côté de la frontière. La force du franc suisse face à l’euro, et d’excellents taux de change, réduisent la note finale, et leur facilite le remplissage du caddy.
Le franc est fort, mais à Frankfort ?
A Frankfort, la BCE a donc relevé son taux directeur de 0.25%, ce qui porte à 3,5% son taux d’intérêt directeur. 0.50% aurait eu plus d’effet sur l’inflation de la zone euro, qui est encore très supérieure à 6%, (hors produits alimentaires) mais en net repli comparé aux craintes de début d’année. Les projections récentes présentent un taux d’inflation sous-jacent de 5.1 pourcents pour cette année, 3% pour 2024, et 2.4% en 2025. Et nous promettent de nouvelles hausses de taux à venir, comme nous l’avons évoqué dans nos précédentes publications. Les salaires continuent d’augmenter en Europe, absorbant certains effets de l’inflation, ce qui fait craindre à la BCE une spirale infernale. Citons Monsieur Paneta, l’un des gouverneurs de la banque centrale qui a dit : "Il nous faut juguler l'inflation sans peser trop négativement sur l'activité économique".
Proches du but ?
2,6% d’inflation, c’est trop pour la BNS, c’est un record inégalé depuis 20 ans. Mais si la Suisse s’inquiète de ne pas atteindre l’objectif rapidement, la BCE estime que les 2% d’inflation ne seront pas atteints avant 2026. La banque centrale a donc fait savoir qu’elle maintiendrait une politique de progression des taux directeurs tant que ce serait nécessaire. Les marchés financiers et immobiliers tiendront-ils sur la période ? Ou les soubresauts bancaires, tributaires des taux mais aussi des choix de gestion risqués des dirigeants des banques, toujours plus sous pression se reproduiront-ils, nous menant vers une crise financière ? Les marchés s’attendent depuis mars, à la garantie d’une protection et au parapluie des banques centrales. Mais celles-ci, dont le rôle initial était d’être dévolues aux finances des peuples et des états, assurent bien malgré elles un rôle de ré-réassureurs des banques, qui n’est pas le leur.
QE : le mot de la fin.
En tout cas, le programme Asset Purchase Programme, plus connu sous le nom de QE, prend fin le mois prochain. Il avait provoqué la hausse subite du franc suisse, et donc la chute brutale de l’euro, en janvier 2015, alors que les frontaliers se précipitaient dans les bureaux de change de Genève et d’ailleurs, pour acheter des euros à un taux exceptionnel.
Décidé en 2014, le programme de Mario Draghi, alors gouverneur de la BCE, le quantitative Easing avait pour but de relancer l’inflation dans le cadre d’un programme de rachat de 30 milliards de dettes européennes par mois, jusqu’à aujourd’hui afin de soutenir la croissance et éviter la stagflation. Au total, le programme a permis le rachat de 3200 milliards d’euros. La paire Euro CHF bénéficiait jusque-là de cet appauvrissement. Avec la fin du QE, l’apaisement de l’inflation en Suisse, et en fonction de la décision de la BNS la semaine prochaine et cet été, nous sommes amenés à nous poser cette question :
Le franc suisse va-t-il allègrement repasser la parité d’ici la rentrée ?
A jeudi prochain
Nous aurons plus de visibilité la semaine prochaine. Mais il y a fort à parier, qu’avec la fin du « quantitative easing », et en l’absence d’une crise majeure, la paire Euro/franc suisse puisse remonter vers les 1.0 ? ? EUR/CHF et quelques, là ou des analystes d’UBS voyaient encore le franc glisser vers des taux de change proches de 0.9500 EUR/CHF, il n’y a pas longtemps.
Nous attendons avec impatience de savoir quelle décision prendra la BNS le 22 juin (le même jour que celle de la banque d’Angleterre), et ce qui en résultera pour le franc suisse et l’euro.
Nous vous disons donc à la semaine prochaine, pour notre dernier bulletin hebdomadaire avant l’été, jeudi prochain, qui se conclura sur une réunion en Suisse aux conséquences importantes pour la paire de devise qui nous intéresse.
D’ici là, toute l’équipe de Ben S Solutions de Change vous souhaite un excellent week-end
X.C.