Devises et marchés attendent le 5 novembre

Nous sommes le vendredi 1^er novembre, jour férié en France, et quelques commerçants ont baissé le rideau ce vendredi. Pas les fleuristes, puisque la toussaint est la fête des morts. Coté joie de vivre, hier comme prévu, des hordes d’enfants affamés et déguisés sont venu sonner à nos portes pour nous mettre devant un choix cornélien : leur donner des bonbons ou nous faire jeter un sort ! Il est à craindre que les dentistes auront un peu plus de travail que d’habitude ces prochaines semaines : Après halloween vient la Sainte Carie.  Hier partout c’était la fête : Même un ancien président s’est déguisé en éboueur au volant d’un camion poubelles. Mais il ne distribuait pas de confiseries. Drôle de campagne électorale !

Nouveau(elle) président(e) : Nouveau taux de change pour l’USD CHF et l’EUR CHF

    Nos bureaux de change également au vu des mouvements de devises attendus dans les prochains jours, ne devraient pas chômer. Selon A Fürbringer de chez Wechselst. , la Banque Nationale Suisse serait déjà à la manœuvre pour convertir de grandes quantités d’euros en francs suisses afin de maintenir les cours de change du franc suisse autour des 0.9400 EUR CHF. Et ce, malgré un contexte économique et géostratégique international extrêmement compliqué. Contexte qui tire les cours de change de l’EUR CHF vers le bas, et l’or que rien ne retient vers des hauteurs jusque-là inconnues. A l’approche notamment des échéances immédiates outre-Atlantique : Le 5 novembre, au sortir des urnes américaines, le 7, toujours au pays de l’oncle Sam, lors de la décision de politique monétaire de la FED, convertir des dollars contre des euros ou des francs suisses pourrait se faire à un taux de change surprenant. La semaine prochaine sera donc un rendez-vous incontournable. Pour tous les traders en devises étrangères.

Tout sur le rouge ? ou tout sur le bleu ?

    Un programme républicain plus gourmand en déficit et en dette jumelé à une économie américaine actuellement musclée pourrait avoir un effet redoutable sur le cours de change de la première devise mondiale. La FED, qui comptait assouplir ses taux d’intérêts freinerait le rythme. Dès lors, s’il était mieux rémunéré de détenir du dollar américain que de l’euro ou du franc suisse, le billet vert s’en trouverait alors très vite renforcé. L’euro serait le grand perdant face au franc suisse et au dollar américain.

Les grands argentiers et capitaines d’industrie sont partagés, quant à leur préfèrence pour un candidat. Pour citer Donald Trump, « Je trouverai un emploi à Elon Musk si je gagne ». Le vice-président de Donald Trump semble d’ailleurs relégué au second plan par le très médiatique plus riche homme de la planète qui a choisi son camp.

Trump or not to Trump ? That is the inflation (rate).

Les financiers dont une majorité soutiennent désormais Donald Trump, craignent que son programme relance l’inflation et freine la baisse des taux d’intérêts par la FED. Assouplissement qu’ils appellent de leurs vœux depuis si longtemps. Baisse des taux qui avec les promesses de l’IA est à l’origine de l’insolente bonne santé globale des marchés depuis 2 ans. Les avis restent donc partagés entre les investisseurs et les dirigeants des grands groupes et l’on peut s’attendre à des remous sur les places financières et sur les cours de change de l’USD CHF et de l’EUR CHF. Mais sitôt passée l’élection, les marchés qui s’accommodent généralement de beaucoup de situations. C’est le cas depuis deux ans de conflit à l’est de l’Europe, et ils devraient retourner à leurs mantras habituels.

    Les résultats d’entreprises s’égrènent, toujours plus nombreux, globalement un peu meilleurs que selon les prévisions des experts, mais les marchés ne se satisfont pas des progressions encore trop timorées à leur gout. L’ambiance boursière est morose depuis quelques jours. L’instabilité géopolitique pèse sur les places financières, européennes notamment et le choix du candidat par le peuple américain n’est pas sans effet dans la balance. Les détenteurs et les trader d’EUR CHF et d’USD CHF retiennent leur souffle.

La semaine de l’EUR CHF

EUR CHF

     La paire de devise dont traite principalement notre analyse a été un peu chahutée cette semaine. 0,9350 EUR CHF. C’est le support de fond que l’EUR CHF a atteint mardi matin, tôt, avant l’ouverture des places financières. Il faut préciser que les résultats d’entreprises sont globalement décevants pour les investisseurs.

     Le cours de change de l’EUR CHF est demeuré sous les 0.9370 EUR CHF jusqu’à hier matin sur le marché interbancaire. Convertir des euros en francs suisses était légèrement plus intéressant en milieu de semaine, que ce vendredi, mais cela ne présage rien des taux de change de lundi. Une résistance à 0.9417 EUR CHF a été atteinte hier midi. Il semble, comme dit plus haut, qu’une force mystérieuse maintienne les cours de change de l’EUR CHF autour de 0.9400 EUR CHF. Une force obscure qui se nommerait Banque Nationale Suisse, avec quelques centaines de milliards de francs suisses et de devises étrangères à disposition pour peser sur les marchés.

    A présent, l’EUR CHF s’échange à un taux de change de 0,9430 EUR CHF, à l’instar de l’évolution des marchés financiers. Le franc suisse semble évoluer à l’inversement proportionnel. 

USD CHF

    L’USD CHF sera ces prochains jours la star de nos analyses. Les prises de positions des traders vont faire tanguer le navire. L’USD CHF a commencé la semaine comme fait exprès, à un demi pips de 0.8700 USD CHF avant de chuter de plus de 50 pips. Remonté mardi après-midi presque à son point de résistance, il a depuis colé aux sondages qui donnent Kamala Harris en tête d’un cheveux (jeux de mot involontaire bien sûr). Le billet vert à bande bleue se débande avec un plus bas de 0.8633 USD CHF. Soit une variation 70 pips à moins d’une semaine du verdict incertain.

    A l’heure à laquelle nous couchons ces lignes sur les touches de l’ordinateur, le taux de change de l’USD CHF est de 0.8678 USD CHF. 

EUR CHF et USD CHF dans un environnement mouvementé

    Au chapitre des tensions internationales, les USA ont restreint les autorisations d’investissements en Chine cette semaine, pour les secteurs technologiques de pointe, et notamment les semi-conducteurs donnant accès à la fine fleur de l’Intelligence Artificielle et de l’informatique quantique. Cette même semaine est également rentré en vigueur le train de restrictions européennes sur les voitures électriques importés de Chine à grand renfort de dumping. Les exportateurs européens attendent le retour de baton. La Chine qui laisse d’ailleurs fuiter un chiffre pour son prochain plan de relance de 10000 milliards de Yuans, soit 1400 milliards de dollars au taux de change du dollar d’avant élection. Il se pourrait que la paire USD CHF évolue peu en cas de victoire républicaine, contrairement à la paire EUR CHF dont le cours de change pourrait ressentir les effets d’un recul de l’euro face au dollar la semaine prochaine. Le tout sur fond de menaces de guerre.

   Au chapitre des performances macroéconomiques, nous noterons cette semaine les chiffres du PIB de la France pour le 3ème trimestre, qui est finalement supérieur au attentes avec +0,4%, là où l’Allemagne est, elle même en recul et en récession. Enfin une bonne nouvelle pour nos voisins et partenaires. 

Marchés et commodités

Des temps incertains

     L’or et le bitcoin dépassent et rejoignent leurs records, et les marchés européens sont à la peine ces temps-ci notamment ceux qui sont exposés au marchés chinois. Sur les places des valeurs boursières, l’on attendait le géant Alphabet de Google dont la progression de 4% sur la semaine a vu le titre prendre 6% d’un coup à l’annonce de ses résultats, et en reperdre la moitié depuis. Un autre géant de l’IA, AMD, a dans le même temps plongé de 7%. Le Nasdaq  a ainsi été contenu à quelques points de son récent record.  A signaler suite à la publication de leurs résultats les +20% de Reddit et +9% de Snap, deux outsider du compartiment technologique. Les deux groupes n’ont jamais dégagé de bénéfices jusqu’alors. Mais les lettres IA résonnent comme une promesse à l’oreille des investisseurs.

D’IA, il en était question hier avec la chute de 6% de Microsoft dont les dirigeant expliquent que pour devenir rentable, l’IA aura besoin de lourds investissements. SMC, dans le même compartiment, géant moins géant de l’IA, a enchainé 48% de baisse en 2 jours cette semaine. 

    Résultat hier, 2,4% de baisse du Nasdaq !

    Les chiffres de l’inflation en zone euro sont sortis hier matin.  Bloomberg annonçait une inflation à hauteur de 1,9%. Le chiffre d’octobre, en hausse de 0,3% est de 2% ce jeudi. La nouvelle a surpris les marchés européens. L’inflation sous-jacente est stable à 2,7%, les cours du pétrole étant resté bas le mois dernier.  Corrélé avec la déconfiture du moteur de l’Europe, l’Allemagne, dont le principal constructeur automobile en grande difficultés a proposé de réduire les rémunérations de ses salariés de 10% pour faire face à la crise qui secoue le groupe, donc l’Allemagne, donc toute l’Europe par effet de ricochet. Ces chiffres ont participé à la baisse des marchés européens. Et à un taux de change de l’euro resté faible par rapport au franc suisse, mais qui se redresse face au dollar américain en cette fin de semaine.  

SMI

    En Suisse, le trio de quatre valeurs perdantes se nomme Novartis -5%, Strauman, Clariant et SIG Group, avec des résultats trimestriels décevants. (je ne sais pas comment l’on nomme un trio à quatre. Et vous ?).

    Le SMI a cédé du terrain cette semaine, alors que UBS, a annoncé avoir réalisé plus d’1,4 milliards de résultats sur le troisième trimestre. Le titre qui a pourtant dépassé les résultats perd 7% sur la semaine, à l’instart de partners group, -5%, Swisscom -6%, Roche, Lonza, -4%...

Seule Geberit +5%, et Holcim +2% echapent à la saignée. Le SMI a perdu presque 500 points sur la semaine à 11860 points, soit -3% sur la semaine. Qui a dit que les déconvenues de nos voisins n’impactent pas la Suisse.

Energie

Les cours du brut, brent en mer du nord a un peu baissé cette semaine.

L’agence internationale de l’énergie prévoit une forte disponibilité du pétrole en 2025, et l’on attendait l’or noir en baisse cette semaine. L’annonce d’une baisse surprise des stocks de pétrole brut aux USA a fait progresser le baril de 2% cette semaine. Très en dessous des 74,50 dollars de la semaine dernière, le baril vaut actuellement 74 dollars. Si le candidat Trump remporte l’élection la semaine prochaine, les prix des hydrocarbures pourraient grimper en proportion de son appétence pour les énergies fossiles dont les Etats Unis sont parmi les premiers producteurs.

    Le WTI vaut actuellement 70 dollars. Le gaz naturel est en hausse de 17% à  2,85 dollars. A noter la chute de 40% des bénéfices trimestriels du géant total, 4ème groupe mondial du secteur énergétique. A 2,3 milliards de dollars. Une paille.

Métaux précieux

    L’or brille toujours mais un peu moins aujourd’hui après avoir touché son record absolu cette semaine. L’or s’est approché des 2800 dollars l’once, à 2790 dollars mercredi.

    L’once se repli légèrement à 2750 dollars ce matin. Le kilo de métal précieux pèse 77700 francs suisses, le vreneli et le napoléon cotent 444 francs sur la place de Londres. L’or reste une alternative sûre. Mais il y a trop de vendeurs ces temps-ci et pas assez d’acheteurs. Malgré tout, les grands argentiers se tournent vers la valeur refuge.

    Bitcoin

    Le bitcoin qui la semaine dernière franchissait les 67800 dollars américains, a atteint ses records de 2021 à 72600 dollars, soit 62700 francs suisse selon le cours de change de ce vendredi, avant de retomber vers les 70000 dollars.  Les ETF frôlent le million de bitcoins sous gestion, dopant la crypto monnaie.  L’intérêt de ces méga investisseurs envers les altcoins est bien oindre et ceux-ci ont peu progressé cette semaine.

A propos de l’avenir du franc suisse

En Suisse, les résultats du concours entre graphistes seront connus fin 2026 :

    Si vous êtes un graphiste inspiré, il est encore temps de participer, dès février 2025. Le gagnant parmi 12 finalistes aura le privilège de représenter la Suisse, à travers ses reliefs et sa topographie. Ses œuvres figureront sur les billets suisses. La Banque Nationale Suisse se dit persuadée que les coupures numéraires ont encore un bel avenir. Quel que soit le taux de change du franc suisse, les billets gardent leur attrait par-delà les générations. Le fait de pouvoir échanger les anciennes coupures sans limites de temps, ajoute à l’image de solidité de l’institution et du franc suisse.

Des sous pour la confédération ?

    La BNS, qui signe d’ailleurs un bénéfice de 62 milliards de francs suisses depuis le début de l’année. Voilà qui présage d’excellentes rentrées pour les cantons et la confédération auxquels la BNS reverse traditionnellement une partie de ses bénéfices pour boucler leur budget. Ces profits sont principalement issus des positions en devises étrangères, contre une perte en francs suisses, et un gain sur ses réserves d’or. Il faut toutefois considérer que ces gains et ces pertes sont le résultat naturel des fluctuations du marché. En cas d’effondrement des cours, de baisses ou de hausses significatives de l’euro ou du franc suisse, ces bénéfices peuvent s’évaporer.

Baisse de taux : hausse de l’EUR CHF.

    A noter également les commentaires de Martin Schlegel, Président de la BNS, selon qui de nouvelles baisses de taux pourraient être nécessaire afin de maintenir le niveau actuel de l’inflation lors des trimestres à venir. Actuellement, l’inflation en Suisse est à un niveau bas et stable, et Monsieur Schlegel parle des trimestres à venir. Quid de la très prochaine réunion de la BNS en décembre. On peut lire entre les lignes que la BNS ne dégainera probablement pas tout de suite l’arme des taux d’intérêts.  Le franc suisse pourrait bien terminer l’année sur des niveaux comparables à ceux d’aujourd’hui. Les taux de change de l’EUR CHF sont donc probablement appelés à rester stables jusqu’à la fin de l’année. A moins que des évènements inattendus ne se produisent.

    Dans le cas contraire, les cantons et la confédération pourront en absorber une partie à leur bilan et réduire ou éviter les déficits

Que faire à Genève et dans ses environs ce week-end ?

    Pour les passionnés de tramway ou les nostalgiques, l’AGMT clôture cette saison avec sa dernière ballade en tramway des années 20 et 50, dimanche dès 10h00, sur 3 lignes différentes. Vous pourrez monter à bord du tram historique et remonter le temps.

    Si vous préférez rester dans le rythme,  le Swiss Junior Drum Show réunissant une cinquantaine de jeunes musiciens venus de l’arc lémanique vous fera une démonstration de percussions et tambours. RV à 16h salle Franck Martin.

Et en France ?

    En France voisine,  Divonne les bains vous propose la visite de la plus vielle usine hydro-électrique de France, ce dimanche. Renseignements : https://www.divonnelectro.fr/ visite gratuite. Vous pouvez également ce dimanche visiter la brasserie Gessienne pour découvrir chaque étape de la création et de la fabrication d’une bière artisanale aux saveurs riches et complexes. Contact : www.brasseriegessienne.fr/

    Nous nous retrouverons peut-être la semaine prochaine dans un monde différent. Le même mais en plus Trump ? Réponse mercredi.

    Pour conclure, toute l’équipe de la rédaction de Ben S Solutions de Change adresse une pensée à nos amis espagnols, durement touchés par les éléments cette semaine. Les éléments frappent partout et trop souvent ces dernières années.

X.C.