EUR CHF, USD CHF : La semaine débutait mercredi

Une victoire éclair

Tout d’abord, à l’annonce, telle un coup de tonnerre, de la victoire sans appel des républicains, à présent maîtres de presque tous les leviers du pouvoir, le dollar a gagné 150 pips face au franc suisse, alors que l’euro a dévissé de plus de 200 pips face au dollar. Les cours de change ont été, momentanément au moins bouleversés.

Puis à l’annonce de la banque centrale américaine, le billet vert a repris quelques dizaines de pips face au franc suisse, qui a finalement repris des couleurs.

Cours du franc suisse en Berne

Les valeurs refuges habituelles dont l’or, et le franc suisse dans une moindre mesure suivent généralement la tendance et n’ont plus autant la cote puisque leur rôle est de garantir le risque lors de périodes incertaines. Or le cours de change du franc suisse s’est affaissé face au dollar. Entretemps, les investisseurs outre-Manche ont mis entre parenthèse toute aversion au risque.

Faites vos jeu :

Dans le monde entier, des milliards de personnes s’interrogent sur la politique du futur gouvernement des Etats-Unis et sur ses conséquences à venir. Trump et son équipe, en une élection, ont réuni presque tous les pouvoirs. La défaite incontestable des démocrates amène une ère nouvelle, y compris sur les marchés, et beaucoup d’experts craignent que l’Europe soit la grande perdante.

L’Europe, qui ne représente plus que 17.4% du PIB mondial, contre 31% en 2004.  Décrue amorcée avec la crise de 2008, et qui s’est accélérée avec la crise sanitaire du covid.

L’avis des marchés

Globalement, la perspective du programme de Donald Trump semble plaire aux marchés et aux places financières, appâtés par les promesses de baisses d’impôts et de paix du Président élu qui affirme pouvoir régler tous les problèmes des Etats Unis. A l’intérieur comme à l’extérieur. Ses détracteurs répondront que les promesses n’engagent que ceux qui les croient, ce qui était le cas des marchés cette semaine. Donc des experts et des analystes. Effets d’annonces ? Estimations exactes de spécialistes avisés ?  Les places financières américaines, elles, ont explosé, et les actions du magnat Elon Musk en premier lieu, dont les entreprises pourraient bénéficier du soutien de la maison blanche.

Conséquences sur la conversion du franc suisse

Le franc suisse n’a pas surpris cette semaine : Il a baissé. Le franc suisse n’a que peu reculé face à l’euro, et reste assez stable depuis plus d’un mois, alors que la Banque Nationale Suisse a acheté de grandes quantités de devises ces derniers temps. Les réserves de devises étrangères ont augmenté de 715 à 719 milliards de francs sur le seul mois d’octobre, alors que nous présentions il y a peu dans cette analyse des bénéfices records pour l’institution qui impliquaient une belle redistribution aux cantons et à la confédération. Cela aurait pu ramener le franc suisse quelques 100 pips plus haut. Tel ne fut pas le cas. La baisse de ses taux d’intérêts par la FED, a profité encore au taux de change de l’USD CHF.

Cours des devises selon les analystes

Selon la dernière estimation des analystes de JP Morgan, l’EUR USD devrait continuer sa chute vers 1,05 EUR USD, et même vers la parité si les républicains confirment leur conquête de tous les postes clé, pourvu que la croissance américaine perdure. La transmission de la politique budgétaire et l’augmentation des droits de douanes bénéficieront au dollar à hauteur de 7% selon l’étude de JP Morgan, à partir de son cours de change d’avant l’élection. Mais cette tendance ne vaut, toujours selon ces experts, que si les autres partenaires des Etats-Unis ne rétorquent pas avec des mesures équivalentes.

A l’inverse, les experts de Goldman Sachs considèrent que le potentiel baissier de la paire EUR USD est très limité. Pour eux, la BCE ne devrait pas abaisser ses taux d’intérêts afin d’enrayer la chute du cours de change de l’euro face au dollar.

La BNS, quant à elle, ne souhaitait plus un franc suisse fort. Gageons que la récession en Allemagne et la perte de vitesse de l’Europe face aux États-Unis, poussera la BNS, si le taux d’inflation se maintient, à soutenir la compétitivité des entreprises suisses.

De grandes inconnues demeurent, et notamment la réaction des acteurs des différents conflits auxquels le futur président américain entend mettre un terme. Son mandat débute le 20 janvier lors de son investiture.

Quelle devise prendra l’ascendant ?

En toute logique, l’EUR CHF pourrait bien s’affaisser, si le programme de Donald Trump pénalisait la compétitivité européenne. La BNS avait déclaré cet été que la politique du franc fort était terminée. Elle aura plus de champs que la Banque centrale européenne pour remonter légèrement ses taux d’intérêts en cas de retour de l’inflation provoqué par la hausse des taxations douanières. Mais face à une Europe en récession, rien n’indique qu’une éventuelle inflation provoquée par les Etats-Unis se transmettra de ce côté-ci de l’atlantique si le chômage revient plomber la consommation. Ce qui semble certain, c’est que le franc suisse a toutes les chances de trouver face à lui un dollar fort. Les entreprises suisses qui travaillent avec le dollar américain, devront acquérir matières premières et régler leur consommation énergétique à des taux de change qui freineront leur croissance et leurs bénéfices. Quant à l’inflation…

La folle semaine de l’EUR CHF et de l’USD CHF

Une fois n’est pas coutume, nous entamerons cette rubrique par l’évolution des cours de change de l’USD CHF sur la semaine. 

USD CHF

C’est avec un dollar à 0,8650 USD CHF que la semaine a commencé, dans un climat d’incertitude électorale que les journalistes nous décrivaient serrée comme dans un mouchoir de poche. A 0h00 UTC, 1 heure du matin en Suisse et en France, la paire se situait vers 0,8625 USD CHF. A l’annonce des résultats de l’élection, l’USD CHF s’est envolé et a fini la matinée vers 0.8772 USD CHF. Depuis, la fièvre du dollar est tombée, notamment avec la baisse déjà actée des taux d’intérêts de la FED. Et le franc oscille dans les parages de 0.8720 USD CHF.

A l’heure à laquelle nous écrivons ces lignes, le taux de change du dollar contre franc suisse est de 0.8717 USD CHF. A 100 pips (parts in percentage) de la veille de l’élection.

EUR CHF

L’EUR CHF a entamé la semaine avec un taux de change de 0,9418 EUR CHF. Le double effet Trump l’a fait plonger de 80 pips en quelques heures, à son plus bas de la semaine, à 0.9362 EUR CHF. Mais la semaine passant, les deux devises, franc suisse et euro sont revenues à leurs moyennes de change des dernières semaines. Le franc suisse n’a donc pas profité du recul de l’euro. Beaucoup d’analystes ont en effet été surpris de voir que l’euro n’avais pas plus perdu de sa valeur suite à la victoire de Donald Trump.

A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, le cours de change de l’euro contre franc suisse s’accroche encore et toujours autours de son cours pivot de 0.9400 des dernières semaines, à 0.9390 EUR CHF.

Aparté technique des traders :

La tendance de fond de la légère poussée haussière du taux de change de l’EUR CHF devrait à très court terme permettre de privilégier les positions longues à l’achat, tant que le cours de change persiste à dépasser 0.9410 EUR CHF. C’est une faible résistance technique, mais sa cassure relancerait un mouvement de hausse vers 0.9500 EUR CHF. C’est donc l’objectif des acheteurs.

Sur la semaine à venir, sans tendance de fond, l’attention se focalisera sur le comportement du cours de change de l’EUR CHF aux abords de 0.9430 EUR CHF, dont la cassure relancerait la progression de la paire. A 0.9450 EUR CHF, il sera possible de shorter l’euro contre franc suisse si un signal vendeur apparait sur les courbes, notamment Bollinger.

Toujours à très court terme, certains indicateurs techniques vont dans le sens d’une brève progression, mais les scanner préviendrons de possibles corrections.

Principaux marchés et commoditées

L’élection de Donald Trump et sa prise de contrôle de la plupart des leviers de l’état a permis aux marchés de dissiper les craintes d’instabilité des institutions. Du Nasdaq à Wall Street, en passant par l’indice S&P 500, toutes les places de marché américaines se sont senties pousser des ailes. Le titre Tesla est passée de 250 à 300 dollars, 20% de hausse ! Alors que son dirigeant reconnaissait plus tôt dans l’année qu’aucune production automobile électrique au monde, n’était encore rentable.

La star Nvidia qui nous avait habitué à des progressions et des baisses à deux chiffres, a performé cette fois, de 136 dollars avant l’élection à 149. Soit un « modeste » 10%. Toutes les valeurs et commodités sont parti fortement à la hausse ou parfois à la baisse, selon leur exposition au mrché américain. Sauf le pétrole qui a légèrement progressé. Les places européennes ont hésité mercredi, après un pic de hausse, puis de baisse. Se sont-elles rappelées que l’Europe risque d’être la grande perdante de cette élection ?

Top 5 :

Le Nasdaq, indice des valeurs stars a pris 1100 points ! 18150 points avant l’ère Trump, 19250 à présent.

Le Dow Jones, de 41600 à 43700.

S&P500 : de 5700 à presque 5900 points.

Le bitcoin : de 68000 à 77000 dollars américains.

Le dollar américain face à l’euro : +2%. Il s’échangeait à +1,5% face au franc suisse le lendemain.

Swiss Market Index :

De 87 à 91 francs suisses, Swiss RE et Holcim tiennent le haut du pavé cette semaine avec une progression de 7,5 et 5%. Très investie aux Etats Unis, l’action de Holcim a démarré sa fulgurante ascension lors des résultats de l’élection.

Les investissements fédéraux dans les infrastructures requéraient déjà des compétences et des matériaux fournis par le groupe suisse, mais les promesses d’investissements de Donald Trump pourraient booster ses résultats. Si le président élu décidait de privilégier des entreprises américaines, le groupe pourrait perdre des parts de marché. Cependant les investissements du groupe sont positionnés juridiquement dans des établissements américains.

UBS profite également de l’envolée des cours outre-Atlantique : 6%. Givaudan a perdu quant à elle 5% sur la semaine.

Energie :

Les cours du brut, soutenus par la politique pro fossile de D. Trump, ont pourtant reculé face aux incertitudes sur les conséquences de sa politique. Inflation, hausse du déficit de la dette, perspectives de croissance plaident pour une hausse des cours. Mais l’or noir est majoritairement tradé en dollars américains, et la hausse présente et à venir des cours de change du dollar mettent sous pression le billet vert. Et l’affaiblissement de la demande chinoise et l’abondance de l’offre pèsent sur les perspectives des cours.

Le cours du brent, brut en mer du nord est de 74,50 dollars en cette fin de semaine. Celui du WTI américain recule également, à 71 dollars.

Pour le gaz, de 2,34 à 2,75%, le MWh a bondi depuis la semaine passée, mais les cours ont tendance à se tasser en cette fin de semaine.

Or

Pour vulgariser, quand tout va mal, tout va bien pour l’or. Mais là tout va bien donc l’once d’or va mal. Après avoir atteint son record à 2790 dollars l’once, le métal jaune a plongé le 6 novembre jusqu’à 2528 dollars. Un recul en arrière de plusieurs semaines. Mais la résilience de la valeur refuge traditionnelle a « fait le job ». L’once d’or retrouve le seuil des 2700 dollars. 100 dollars de plus que nous vous l’avions annoncé en fin d’année dernière sur la base d’estimations d’experts alors qu’il valait 1800 dollars l’once.

Le lingot d’un kilo baisse à 74200 francs, le vreneli et le napoléon restent très chers à 437 francs. Mais il est délicat à ce jour de donner une direction au métal jaune, tant les inconnus économiques et géopolitiques de l’équation sont nombreuses.

Crypto monnaies

Si vous avez eu la très très bonne idée d’acheter du bitcoin en début de semaine, vous avez fait un beau cadeau à vos finances avant noël.

En dollars américain : L’Everest du bitcoin a été atteint hier avec 76850 dollars, convertis en francs suisses : 67000 francs suisses. La performance est tellement impressionnante que nous avons envie de vous convertir ces francs suisses en yens, avec pleins de zéros, en livres sterling, et en tout un tas de devises étrangère. Nous parlons bien du bitcoin, une crypto monnaie qui alors inconnue de la plupart d’entre nous en 2010, valait moins d’un centime.

En 14 ans, il a donc été multiplié par 6'700'000 ! Pour vous vendre du rêve, si vous croyez dans les propriétés de la doloréan, de « retour vers le futur », 10000 francs investis à l’époque dans cette monnaie de monopoly, telle qu’on la voyait alors, vous rapporteraient cette semaine 67’000’000’000 francs. L’équivalent de tous les billets de banque suisses en circulation dans le monde. Ou encore le tiers de la fortune de Elon Musk.

C’était hier un discours propre à ravir les marchés qu’a prononcé Jerome Powell. Inflation sous contrôle, économie conquérante… A cette heure, le S&P 500 frôle 6000 points. Contre moins de 4000 en fin 2019. Le dirigeant de la FED, dont les relations avec Donald Trump sont au plus bas déclaré qu’il ne démissionnerait pas. La FED, sous sa direction est devenue la seule institution indépendante du pouvoir. Un clou dans la chaussure du nouveau et ancien président ?

En Suisse, c’est la compagnie financière Richemont qui va annoncer ses résultats dans la journée. A priori les chiffres sont mitigés. La valorisation du groupe a perdu 8% en un mois.

Les prochaines échéances attendues sont les réunions des banques centrales européennes et.

Suisse. Elles détermineront la tendance à venir des cours de change de l’euro et du dollar américain à venir jusqu’aux premières prises de positions et aux actes du nouveau capitaine du navire USA. Pour rappel, en fin d’année dernière, le cours de l’EUR CHF avait créé la surprise suite à des prises de positions tardives sur le franc suisse. Cette année, les circonstances sont désormais différentes. La fin d’année promet d’être houleuse.

A faire à Genève et dans la région ce week-end

Du salon du jeu vidéo, au salon des automnales, jusqu’aux escape games, il y en a pour tous les goûts ce week-end. L’évènement incontournable est cependant le salon des automnales à Palexpo.

A moins que vous ne préfériez la fête du cochon cayon ou le Annecy beer festival, pour distraire vos papilles sur les bords de l’autre lac...

D’ici là, toute l’équipe de Ben S Solutions de Change vous souhaite un excellent weekend, et vous retrouvera vendredi prochain pour un nouveau survol de l’actualité de la paire EUR CHF. Sans oublier celle du dollar, star des devises étrangères cette semaine.

X.C.