EUR CHF : A 140 pips de la parité
Nous sommes ravis de vous retrouver à l’orée de ce second long week-end de trois jours.
Bonjour à tous,
Nous sommes ravis de vous retrouver à l’orée de ce second long week-end de trois jours. Genève était plus calme cette semaine, n’est-ce pas ? Après le déluge d’hier, le pont promet de ne pas être trop arrosé, sauf pour ceux d’entre vous qui compteraient faire la fête avec ou sans modération pour fêter l’approche de l’été. Pour rappel, c’est la semaine prochaine qu’une journée portes ouvertes aura lieu dans 80 caves du canton, pour les amateurs.
De semaines en semaines, nous vous invitons à nous rejoindre et à suivre nos analyses. Nous décryptons pour vous les avis d’experts de la finance, afin de dégager une tendance pour l’évolution de la paire EUR CHF, et de comprendre et tenter de prévoir les causes des soubresauts qui l’animent.
Dynamique du cours de change
Le principe peut paraitre réducteur résumé ainsi, mais il est simple et récurent si on l’observe : Quand l’économie se porte bien et que les conflits géopolitiques s’apaisent, et alors que les conflits en cours ne pèsent pas sur la bonne marche globale des affaires, les valeurs refuge restent en retrait. Certes, les taux d’intérêts, présent, et à venir pèsent lourdement dans la balance. Mais lorsque le volcan se réveille et secoue le monde de la finance, le franc suisse soudain semble prisé par les investisseurs en quête de sécurité.
Le franc suisse à contrario des tendances boursières
Cette semaine, le sentiment général des investisseurs à l’affut des bonnes nouvelles auxquelles se raccrocher est que tout ne va pas si mal. Aujourd’hui, 17 mai, troisième vendredi du mois, est la fin du mois boursier : C’est la séance de compensation qui a lieu le troisième vendredi de chaque mois. L’inflation aux Etats-Unis notamment, est moins mal maitrisée que prévu, les résultats des entreprises et les chiffres de l’économie moins mauvais qu’attendus. Et l’EUR CHF est remonté vers ses plus hauts de l’année. Ce qui n’est pas difficile vu que la paire de devises avait commencé l’année aux parages de son plus haut historique, vers les 0.9300 EUR CHF. L’EUR CHF a perdu plus de 5% actuellement. La parité de l’EUR CHF est sur toutes les lèvres, mais quelques dernières résistances soutiennent encore le franc suisse.
Avis d’Experts
Les experts de la finance nous ont promis il y a quelques mois qu’un franc suisse serait égal à un euro avant la fin de l’année. Que l’once d’or dépasserait les 2600 dollars (on s’y dirige lentement). Que le bitcoin, fort de la validation des ETF cash (produits financiers incluant des bitcoins) par les gendarmes des bourses en début d’année, atteindrait 150000 dollars d’ici à la fin de l’année. Pour ces deux derniers au moins, les cours de change et les marchés de ces commodités leurs donnent raison jusqu’à présent. Quant à l’EUR CHF, il a gagné du terrain par rapport à la semaine dernière. Le franc subi également les pressions d’achats important d’euros et sert de devise d’appui pour des opérations à découvert sur le dollar américain.
Tout va-t-il si bien ?
Alors que tout le monde courtisait cette semaine le président chinois et que le globe semble de plus en plus se diviser en sphères d’influence que maitrisent de moins en moins l’occident, alors que des incertitudes demeurent sur l’avenir, les marchés, ont progressé toute la semaine passée. Le dollar reste encore roi, l’euro et le franc suisse conservent leur place à la cour, dans un monde ancien qui pourtant bascule. On tire sur un chef d’état, des troubles et des menaces se font jour ici et là. La Nouvelle Calédonie, un joyau de la France bascule dans ce que certains appellent des émeutes, d’autres une guerre de colonisation (sic… il faut préciser que tous les calédoniens ont la nationalité française). L’ile regorge de nickel qui attise les convoitises de la Chine qui se veut de plus en plus influente dans la zone indopacifique.
Ententes
La Chine inonde soudain le monde de voitures électriques, alors que Tesla a vu son cours et ses parts de marché se réduire comme une peau de chagrin depuis le début de l’année. Ce monde en pleine mutation voit la Russie consacrer 7% de son PIB à son armement dans une guerre dont personne ou presque ne connait l’issue. Le président russe est en visite en Chine après que le président Xi rentre d’occident, car il a besoin de puces et de technologies chinoises. Et eux seuls savent de quoi d’autre à l’heure ou les occidentaux tentent de retenir la Chine d’exporter tout ce qui pourrait peser dans le conflit.
Et mésententes
Dans le même temps, l’autre conflit continue au proche orient, avec, l’occupation du corridor de Philadelphie à Gaza qui risque de mettre en péril le plan de paix bientôt cinquantenaire entre l’Egypte et Israël. Tandis que celui de Suvalki qui relie l’enclave russe de Kaliningrad a la fédération de Russie rappelle un peu celui de Dantzig, il y a 85 ans, le corridor dont le nom (aujourd’hui Gdansk) est associé au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Tout va très vite pour les analystes, qui doivent décrypter les évènements en relier les effets éventuels aux chiffres macro-économiques et en déduire les tendances. Tout va très vite, sauf la chute du franc suisse dont le cours de change résiste encore et toujours à ceux des autres devises.
Un jeu d’équilibrisme.
Alors la petite Suisse, dans cet océan de pays et de blocs tumultueux reste dans l’esprit des investisseurs comme un ilot de stabilité. Encore neutre ? ouverte sur le monde. La Suisse a enregistré 53000 créations d’entreprises en 2023, 14% d’augmentation par rapport aux année précédentes, et l’industrie y est florissante. Mais souffre du taux de change d’un franc suisse trop fort. Le franc suisse est la devise qui rassure en temps de doutes. Le filet de sécurité.
UBS, 35ème banque en 2023 est passé 32ème plus grande banque mondiale cette année. (Les 4 premières en volume sont chinoises). Sans matières premières, ni débouchés maritimes (la Suisse dispose pourtant d’une marine nationale), avec un taux de chômage stable à 2%, ce qui est considéré comme le plein emploi, taux structurellement faible pour le moment, et une inflation mieux maitrisée que ses voisins et partenaires, la Suisse est l’un des pays les plus industrialisés au monde si l’on se rapporte à sa taille et sa population. Tournée vers l’exportation à forte valeur ajoutée, le pays et sa devise inspirent confiance, et attirent toujours plus de frontaliers. Le franc suisse est la devise refuge, encore et toujours, mais est en passe de perdre ce rôle, en période de croissance et alors que les intérêts du pays vont désormais vers un franc plus faible. Les intérêts des uns en matière de taux de change, diffèrent des intérêts des autres.
EUR CHF : Pouvoir d’achat contre santé économique
Les industriels suisses et la Banque Nationale Suisse à présent aimeraient bien voir le franc suisse se dévaluer un peu pour pérenniser la compétitivité, alors que le taux de change de l’EUR CHF détermine le pouvoir d’achat des frontaliers et des suisses qui achètent des biens de consommation et services souvent issus d’importations.
Cette semaine, la paire EUR CHF donne un peu satisfaction aux premiers. Beaucoup moins aux frontaliers pour lesquels le seul cours de change qui compte est celui auquel ils vont convertir leurs francs suisses en euros, généralement à la fin du mois.
La semaine de l’EUR CHF
Nous avions quitté la paire de devises à 0.9775 EUR CHF, vendredi dernier. Suite à la publication de chiffres décevants de l’inflation par l’office de la statistique, la paire avait chuté de 50 pips la semaine dernière. Car dans ce contexte, il y avait moins de chances qu’à sa prochaine réunion, la Banque Nationale Suisse baisse ses taux d’intérêt ce qui n’aurait pas manqué de booster l’EUR CHF. Ces -50 pips, elle les a amplement récupérés depuis. L’EUR CHF a entamé la semaine à 0.9768 EUR CHF. Dès le soir même, l’EUR CHF passait une résistance et franchissait le socle des 0.9800 EUR CHF. Le taux de change auquel l’EURCHF a plafonné était 0.9867 EUR CHF ce matin. A l’orée d’un long week-end, la paire semble néanmoins s’orienter vers la parité. Et aura regagné 90 pips en une seule semaine, sans qu’aucun évènement majeur ne l’influence. Ni une variation des taux d’intérêts des banques centrales de quelques dixièmes de pourcents, ni aucun chiffre de l’inflation, ni aucune menace guerrière.
La paire EUR CHF suit un couloir qui semble la mener à 1 pour 1.
Quant au dollar américain, il a quelque peu varié face au franc suisse, 0.9030 USD CHF la semaine passée, contre 0.9094 à présent, mais perd 100 pips face à l’euro 1.0850 EUR CHF.
Ce qui ne fait là encore que renforcer la marche apparemment inexorable de l’EUR CHF vers la parité.
Evolution de quelques commodités repères :
Les chiffres de l’inflation américaine ont inspiré les marchés américains hier alors qu’en Europe, des doutes sur la baisse des taux d’inflation se sont faits jour. Cela n’a pas empêché l’EUR CHF de progresser toute la journée d’hier et aujourd’hui. L’activité outre atlantique est en perte de vitesse, ce qui ralentie les hausses des prix, et permet à la FED d’envisager une réduction des taux d’intérêts. En 6 mois, la valorisation globale des valeurs mobilières et boursières aux Etats Unis a progressé de 11000 milliards de dollars (d’après : source Bloomberg).
40000 points
Nous vous en parlions la semaine passée, le Dow Jones l’a fait. Le chiffre est symbolique et en décalage avec les réalités économiques, mais l’indice boursier américain est à l’image de la fièvre qui s’est emparé des marchés cette année, malgré une pause en avril. Les valeurs de la semaine sont le groupe Wallmart qui avait pâti des hausses de taux d’intérêts et a pris 7% à l’effet d’annonce de ses prévisions optimistes sur la corrélation entre baisse de l’inflation et reprise de la consommation. Et la financière Richemont qui a gagné 7% sur la semaine, dont 6% sur cette seule matinée. La financière suisse vient d’opérer un important rachat d’un groupe de joaillerie italien. Ses ventes ont progressé, mais ses marges sont en légère baisse.
Nasdaq, Dow jones et Stoxx Europe 600 atteignent de nouveaux records dans un marché qui ne doute plus de la collaboration de la FED au soutien des marchés dans un cadre électoral. Si les incertitudes géopolitiques sont présentes, les inquiétudes économiques majeures semblent s’être évaporées. Pour preuve le recul des obligataires.
And last but not least
Et de plans de relances en plans de relance de l’économie chinoise, malade de son secteur immobilier, les autorités chinoises ont finalement annoncé le rachat des logements inoccupés, pour sauver les promoteurs, réglant le sort du principal caillou dans la chaussure de l’économie chinoise qui l’empêche d’avancer. Les places financières de Shanghai et Hong-kong ont progressé en conséquence. Qu’est ce qui peut désormais gripper la croissance ? Le franc suisse a de moins en moins d’utilité en tant que monnaie refuge. A quoi bon un refuge s’il n’y a plus de danger ?
SMI
De 11700 à 12015 points, l’indice de la bourse de Zürich a progressé de 2,3% cette semaine. Hier, les marchés européens étaient en net recul alors que le SMI gagnait 0,40% par rapport à son cours d’ouverture. Sonova qui malgré des résultats en berne, dus principalement au cours de change trop élevé du franc suisse, a annoncé l’arrivé de nouveau produits auditifs beaucoup plus performants. L’action s’est envolée de 11,4% sur la semaine et de nombreuses banques ont relevés les objectifs de cours, Alcon, 10,90% Logitech 6%, Roche, qui décroche une autorisation des autorités sanitaires américaines pour la mise sur le marché d’un test médical a pris 5,8%, Swiss Re, 4%... Une semaine faste pour la place Suisse, aidée par les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis. Sur les 30 valeurs, seul Holcim a reculé d’un et demi pourcent. Les sociétés suisses aussi sont tributaires du risque des aléas du change. Leurs marges bénéficiaires sont souvent grignotées par un taux de change trop favorable au franc suisse comme c’est le cas de Sonova. D’où l’insistance de la BNS à faire accepter un franc suisse moins cher pour commercer en devises étrangères. Et préserver les emplois en Suisse. Les autorités monétaires cherchent du carburant pour renforcer l’économie suisse.
Cours du brut, brent en mer du nord
La diminution des réserves américaines communiquée mercredi, ainsi que des chiffres qui annoncent une reprise et donc une demande accrue ont soutenu une petite hausse des cours du pétrole. Les stocks de pétrole brut aux USA ont diminué de plus de deux millions de barils. L’économie américaine influence les cours du brut, qui bien que chers à la pompe pour les consommateurs, restent à un niveau acceptable pour l’inflation.
La reprise chinoises est cependant susceptible de provoquer une hausse de la demande, même si le pays se fourni principalement auprès de l’Iran et de la Russie, 2 pays sous sanctions qui lui cède leurs hydrocarbures à des tarifs inférieurs à ceux du marché. La demande d’or noir pourrait maintenir les cours au-dessus des 90 dollars le baril par voie de conséquence.
Or
A 2395 dollars l’once, Là aussi on approche un seuil symbolique. Toujours soutenu par les acquisitions des banques centrales, le cours de l’or est, rappelons-le, attendu par les économistes aux alentours de 2600 dollars l’once.
Le prix du vreneli, la pièce suisse de 20 francs suisses or, ainsi que celui de son cousin français, le napoléon, se maintient malgré la hausse de l’once aux alentours de 405 francs suisses, 410 pour la pièce napoléon de 20 francs or. Avec un lingot à 69500, en forte progression, la qualité des pièces rentre moins en ligne de compte à la revente. La valeur de l’or a supplanté la prime et à poids équivalent, une pièce en bon ou en mauvais état vaudra sensiblement le même prix. En théorie.
L’or reste un investissement de réserve, qu’il est rassurant de posséder dans son portefeuille.
Crypto-monnaies
Le bitcoin que l’on croyait atone, étonne, à nouveau. Le cours de la principale crypto-monnaie suis la hausse des marchés financiers cette semaine, avec une côte de plus de 66200 dollars. (60100 francs suisses au cours de change de ce matin). Nous l’avions laissé à 60000 dollars vendredi dernier. Si l’on se réfère à sa valeur d’il y a un an, le bitcoin alors au-dessus de 22000 dollars a donc triplé de valeur. Le franc suisse, lui est proche de son cours d’alors.
Et si le bitcoin a progressé de 5% cette semaine, l’ethereum a lui passé le cap des 3000 dollars, sans grande hâte. La capitalisation totale du marché des crypto monnaies progresse peu avec un total de 2.27 trillions de dollars (2270000000 dollars américains pour les amateurs de zéros ).
L’EUR CHF remis dans son contexte
L’EUR CHF se dirige certes vers la parité. Mais il faut le remettre dans son contexte. Et les analystes d’UBS ne voient pas la paire de devises dépasser de beaucoup la parité. Pour ceux d’entre vous qui ont une certaine ancienneté sur le marché du travail suisse, nous tenions à vous remémorer l’historique de la paire EUR CHF sur les dernières décennies, avec un graphique prévisionnel établi fin 2023, qui tient compte du passage à l’euro bien entendu.
Sur ce graphique de l’an passé la progression du franc apparait bien et on voit qu’à partir de la fin de l’année dernière, les valeurs prévisionnelles étaient erronées. La courbe a repris un chemin ascensionnel qui ne figure plus sur le graphique. Le taux de change de l’EUR CHF est passé de 0.9250 en décembre, à 0.9860 aujourd’hui, soit 6,5% de hausse.
Mais la tendance générale relativise le retour probable à la parité, et il est vrai que les frontaliers qui observent le cours de change de l’EUR CHF se rapprochant des taux de janvier 2023, voient leur pouvoir d’achat se rétrécir mois après mois. Ben S Solutions de Change restera à leur coté et protègera leurs revenus avec des marges aussi serrée que possible, de manière indéfectible, quel que soit le cours de change interbancaire.
Ce weekend dans, et autour de Genève
Au rez d’usine, place des volontaires, les amateurs de musique des année 80 pourront aller découvrir le concert psychédélique et folk de l’artiste Selda Baksan du groupe Gaye su Akyol. Musique anatolienne au programme. Le marché aux plantons ouvre demain à plan les ouates. Vous pourrez y acquérir des plans tomates en profitant du soleil.
Plus de choix et d’infos :
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Si vous êtes disposés à faire de la route, amateurs de paysages et de balades en altitude, nous vous signalons la réouverture du bisse de Savièse dans le Valais. Balade vertigineuse parsemée de ponts suspendus et de points de vue à couper le souffle : https://www.saviese-tourisme.ch/fr/torrent-neuf-bisse-saviese-55.html. Plus proche de nous, les gorges du pont du diable, en France voisine : https://lepontdudiable.com/
Nous vous souhaitons un bon, long et agréable week-end et nous nous retrouvons vendredi prochain pour une nouvelle analyse de la paire EUR CHF, et des multiples facteurs qui impactent son taux de change.
X.C.